Rapport des tables rondes sur le Cadre stratégique pour l’Arctique : Sciences sociales et humaines Ottawa, le 9 février 2018

Les opinions exprimées dans le présent rapport, préparé par Stratos| BDO, ne sont pas nécessairement celles du gouvernement du Canada.

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Objectif

Orienter l’élaboration du nouveau Cadre stratégique pour l’Arctique (le Cadre) en consultant les partenaires et les intervenants pour obtenir un aperçu de leurs intérêts, priorités et résultats visés; et cerner les domaines où il serait possible de prendre des mesures conjointes pour atteindre des objectifs communs.

Participants
Des représentants du milieu des sciences humaines de partout au Canada ont participé à cette table ronde, ainsi que des représentants de certains des partenaires collaborant à l’élaboration du Cadre. Afin de protéger la vie privée des participants, les noms de ces derniers ne sont pas divulgués, sauf s’ils ont donné la permission de les citer.

À propos du rapport
Le présent rapport résume les commentaires formulés par les participants à propos des six domaines thématiques suivants :

  1. L’infrastructure globale de l’Arctique
  2. Des communautés des citoyens forts dans l’Arctique
  3. Des économies solides, durables et diversifiées dans l’Arctique
  4. La science de l’Arctique et le savoir autochtone
  5. La protection de l’environnement et la préservation de la biodiversité dans l’Arctique
  6. L’Arctique dans un contexte mondial

Les discussions portant sur chaque thème se sont articulées autour d’un petit nombre de questions qui seront présentées ci-dessous. Les commentaires qui suivent ont, sauf indication contraire, été formulés par un participant.

Les renseignements recueillis lors de cette table ronde serviront à l’élaboration du Cadre, tout comme les renseignements recueillis lors d’autres tables rondes multipartites nationales ou régionales, ou dans le cadre d’une mobilisation continue des gouvernements autochtones et des représentants des gouvernements territoriaux et provinciaux qui participent directement au processus d’élaboration conjointe.

Thèmes et messages généraux pour le cadre

Les thèmes et messages clés dont il a été question durant la journée et qui pouvaient souvent s’appliquer à plusieurs des thèmes sont énumérés ci-dessous, sans ordre d’importance particulier.

L’infrastructure globale de l’Arctique

Questions pour discussion

  1. Quelles sont les priorités essentielles en matière d’infrastructure dans l’Arctique?
  2. Quelles sont les possibilités de partenariat et d’action conjointe qu’il faudrait explorer?

Cerner les besoins en matière d’infrastructure

  • Des normes nationales devraient être définies et appliquées dans le Nord pour répondre aux besoins en matière d’infrastructure de base (p. ex. les logements, l’eau, etc.).
    • Le manque de logements et les conditions de surpeuplement peuvent avoir d’importantes conséquences sociales, sanitaires et économiques (p. ex. manque de sommeil, maladie pulmonaire, rendement inférieur au travail, etc.).
    • Une question que pourrait aborder la recherche en sciences sociales : Pourquoi les normes pour le Nord diffèrent-elles de celles pour le Sud?
  • L’infrastructure existante, dont le port de Churchill et le réseau de recherche ArcticNet, devrait être préservée.
  • Il faut investir davantage dans l’infrastructure scientifique (p. ex. brise-glaces, laboratoires, équipement, traducteurs ou interprètes) pour appuyer la recherche en sciences sociales et en santé.
  • La glace de mer doit être reconnue comme une infrastructure essentielle aux activités traditionnelles autochtones.
  • Les satellites militaires pourraient être utilisés pour soutenir l’accès au réseau public à large bande dans le Nord.
  • Les services publics devraient soutenir l’infrastructure d’une façon comparable à ce qui se fait dans le Sud.
  • Il faudrait tenir compte des « petites victoires » (p. ex. lieu de rassemblement pour les femmes, cabanes où les chasseurs peuvent se réchauffer, lieux de rassemblement pour les communautés).

Adopter une approche systémique pour la planification de l’infrastructure

  • Une approche systémique à long terme est nécessaire pour la planification de l’infrastructure (p. ex. les logements ont besoin d’une infrastructure pour l’eau, les égouts et l’énergie; les fournisseurs d’aliments ont besoin de bateaux, de ports, etc.).
  • Les communautés devraient s’impliquer dans ces projets et les diriger pour s’assurer qu’ils répondent aux besoins de la communauté et sont adaptés aux conditions qui existent dans l’Arctique.
  • La taxe sur l’essence offre un bel exemple de mise en œuvre réussie des services publics dans le Nord. Il s’agissait d’une approche multipartite visant à fournir des fonds directement aux communautés et aux régions en contournant les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux.
  • Une hausse du niveau de vie dans le Nord pourrait générer des avantages économiques supplémentaires en attirant et retenant de nouveaux résidents, et éventuellement générer des économies substantielles.
  • Le changement climatique pourrait s’avérer l’enjeu qui attirera une attention accrue sur le Nord.

Des communautés et des citoyens forts dans l’Arctique

Questions pour discussion

  1. Quelles mesures clés pourraient augmenter le bien-être dans les communautés de l’Arctique?
  2. Quelles sont les possibilités de partenariat et d’action conjointe qu’il faudrait explorer?

Définir le bien-être

  • Bien des participants ont convenu que les habitants du Nord devaient définir ce qu’ils entendent par « communauté forte », y compris ce qu’il faut mesurer et comment le mesurer.
  • Il faudrait tenir compte des mesures de rechange (y compris les mesures autochtones) que les communautés ont suggérées en matière santé et de bien-être économique et social – au-delà des mesures types comme celles du PIB.
  • Nous pouvons tirer un enseignement des efforts antérieurs de groupes autochtones internationaux qui ont cerné et mis en œuvre des programmes visant à promouvoir le bien-être.
  • La recherche en sciences sociales au sein des communautés peut éclairer les lacunes en matière de bien-être, mais cette démarche devrait s’effectuer en parallèle avec les programmes gouvernementaux.

Rôle de la santé

  • La santé joue un rôle important par rapport à ce thème, notamment en ce qui a trait aux déterminants sociaux de la santé.

Déficit infrastructurel

  • L’infrastructure et les services de base (p. ex. pour réduire les prix des aliments, réduire le nombre de cas de tuberculose, etc.) ont besoin d’un investissement du gouvernement, de façon à faciliter la prise de décisions par les communautés.

Autres commentaires

  • La responsabilité devrait être transférée du gouvernement fédéral aux communautés, aux régions et aux territoires pour veiller à ce que le financement réponde aux priorités locales et régionales.
  • Il faudrait améliorer la qualité des services publics dans le Nord (p. ex. logement, santé, éducation, eau, etc.).

Des économies solides, durables et diversifiées dans l’Arctique

Questions pour discussion

  1. Comment peut-on faire progresser le développement économique durable, faire croître les petites et moyennes entreprises de l’Arctique et diversifier l’économie de l’Arctique?
  2. Comment peut-on renforcer la capacité ou l’expertise et accroître la participation des résidents de l’Arctique au sein des économies locales?
  3. Quelles sont les possibilités de partenariat et d’action conjointe qu’il faudrait explorer?

Mesures économiques parallèles dans le Nord

  • Le Canada devrait favoriser la définition et l’élaboration d’autres approches économiques parallèles Notes de bas de page 1 dans le contexte de l’Arctique (p. ex. innovation du Nord, systèmes d’éducation parallèles, connaissances, arts et métiers du Nord, activités traditionnelles ou culturelles, etc.).
    • Cela pourrait être mis à l’essai dans le cadre de projets pilotes, tout en sachant que les mesures varieront en fonction des communautés.
    • Par exemple, les fonds de formation pourraient être mis à profit pour appuyer les pratiques culturelles.
  • Le développement économique devrait être mesuré en fonction des résultats au sein des communautés (c.-à-d. selon la contribution au bien-être d’une communauté) plutôt que selon les résultats d’ordre monétaire ou économique habituels.
  • Les milieux de travail devraient valoriser à la fois les activités traditionnelles et les activités « salariées » (p. ex. permettre aux travailleurs de partir plus tôt pour aller couper du bois à la lumière du jour).

Mettre à profit les fonds de recherche pour le développement communautaire

  • Il faudrait resserrer les liens entre les politiques et les résultats de recherche, particulièrement dans les domaines suivants :
    • Répercussions et atténuation des fuites économiques (allant du Nord au Sud);
    • Répercussions systémiques des prestations d’aide sociale ou d’assurance chômage (p. ex. les personnes qui refusent un emploi pour ne pas voir diminuer leurs prestations d’assurance chômage).
    • Répercussions à long terme de la dépendance d’une communauté aux employeurs d’une seule et même industrie (p. ex. mines, construction);
    • Systèmes alimentaires durables dans le Nord.
  • Les fonds de recherche pourraient aussi être mis à profit pour soutenir les entreprises sociales au sein des communautés.
    • Par exemple, à Clyde River, on a utilisé les fonds de recherche pour financer les chasseurs qui mesuraient l’activité de la glace, le transfert des connaissances aux jeunes, etc.

Investissements étrangers dans les communautés

  • Les investissements étrangers ne sont pas perçus comme une menace ou une préoccupation par les communautés du Nord, qui se préoccupent davantage de la satisfaction des besoins de base (p. ex. logement, sécurité alimentaire).
  • Les investissements étrangers ne sont pas perçus comme une menace ou une préoccupation par les communautés du Nord, qui se préoccupent davantage de la satisfaction des besoins de base (p. ex. logement, sécurité alimentaire).
  • Il existe des possibilités de développement économique, de mobilisation des connaissances et de recherches conjointes entre le Groenland et le Nunavut.

Science de l’Arctique et savoir autochtone

Questions pour discussion

  1. Comment peut-on répondre plus efficacement aux besoins locaux en matière de connaissances?
  2. Comment peut-on augmenter la capacité des habitants de l’Arctique à participer aux initiatives de recherche et à mieux intégrer le savoir autochtone dans la prise de décisions?
  3. Quelles sont les possibilités de partenariat et d’action conjointe qu’il faudrait explorer?

Terminologie

  • Les habitants du Nord devraient « diriger » les travaux de recherche plutôt que d’y « participer » (p. ex. ils choisissent et exécutent les priorités de recherche à titre de chercheurs principaux); cela correspond aux visées d’autodétermination dans le Nord.
  • Au lieu de seulement « intégrer » le savoir autochtone à la science, il faudrait accorder une valeur égale aux systèmes complémentaires du savoir autochtone et de la science.
    • En outre, le savoir traditionnel ne se résume pas à un ensemble de connaissances, mais constitue une pratique spirituelle; une mauvaise interprétation consisterait à uniquement tenir compte de ses connaissances.

Efforts de recherche concertés

  • Il faut investir dans la science collaborative qui fait intervenir les connaissances autochtones, locales et universitaires.
  • Les chercheurs du Sud devraient, avant d’entreprendre des travaux de recherche, recevoir une formation sur la culture, l’histoire et la politique du Nord; il pourrait s’agir d’un mentorat fourni par une faculté ayant de l’expérience dans le Nord.
  • Les perspectives (ou les résultats) de recherche dans le Sud peuvent différer considérablement celles de la recherche dans le Nord (d’où une possible interprétation fautive des perspectives du Nord).
  • Les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) comptaient au départ, en 2002, seulement 5 chercheurs-boursiers d’origine autochtone, leur nombre ayant depuis augmenté jusqu’à représenter aujourd’hui plus de 50 % de tous les chercheurs-boursiers. Ainsi, des changements positifs sont possibles et donnent lieu à de nouvelles questions et méthodes de recherche.

Obstacles institutionnels au soutien des chercheurs du Nord

  • Les trois territoires sont regroupés en une seule tranche de financement, alors que chaque province dispose de sa propre tranche de financement.
  • Le financement pour les étudiants autochtones de premier cycle est insuffisant.
  • Le Programme de formation scientifique dans le Nord bénéficie uniquement d’un financement de démarrage, alors que la recherche de qualité devrait faire l’objet d’un investissement à plus long terme.
  • Il arrive que des chercheurs ne fassent que « jouer le jeu » pour obtenir des fonds, établissant des partenariats avec les Autochtones seulement pour pouvoir « cocher la case » sans vraiment vouloir collaborer.
  • Les partenariats avec des chercheurs du Sud peuvent s’avérer des occasions ratées entraînant des coûts, par exemple si le financement ne couvre pas les frais administratifs des établissements du Nord, nuisant aux efforts des communautés autochtones pour renforcer leur capacité et avoir accès à un financement accru.
  • Les systèmes de financement sont fondés sur des paramètres qui ne représentent pas toujours bien les communautés du Nord, ou ne sont pas accessibles aux établissements du Nord.
  • Les fonds pour la recherche dans le Nord sont souvent destinés aux étudiants des cycles supérieurs dans le Sud.
  • En matière de financement, les sciences naturelles se voient souvent accorder la priorité sur les sciences sociales.

« Pour aller de l’avant vers 2030, notre vision est de commencer par admettre et réaliser que de véritables obstacles institutionnels ont été mis en place il y a longtemps, et que nous pourrions peut-être les examiner ensemble pour chercher à apporter des améliorations. » – Scot Nickels, Inuit Tapiriit Kanatami

Comités d’éthique

  • Les comités d’éthique devraient être situés dans le Nord et faire participer les communautés à l’examen éthique des projets dans le Nord.
  • En raison de fonds limités ou inexistants, les comités d’éthique ne peuvent pas actuellement faire participer les communautés à l’examen éthique des projets.

Enseignement postsecondaire

  • Nous accusons un retard important sur d’autres pays du Nord en matière d’enseignement postsecondaire (il n’y a aucune université canadienne dans l’Arctique). Des fonds et un soutien devraient être accordés aux établissements postsecondaires.
  • Nous pourrions tirer un enseignement des démarches adoptées par d’autres universités du Nord en matière de partenariats de recherche.
  • Il faudrait encourager davantage l’inclusion autochtone au sein du système d’éducation.
  • Le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) ou d’autres programmes pourraient financer les jeunes étudiants du Nord et soutenir leur potentiel de devenir la prochaine génération de chercheurs.

Protéger l’environnement et préserver la biodiversité dans l’Arctique

Questions pour discussion

  1. Comment l’expérience et les connaissances locales et autochtones peuvent-elles être intégrées aux mesures contre les changements climatiques et pour la biodiversité?
  2. Quelles sont les possibilités de partenariat et d’action conjointe qu’il faudrait explorer?

Planification communautaire et environnementale intégrée

  • La protection de l’environnement et de la biodiversité peut avoir des effets positifs ou négatifs (p. ex. si l’on interdisait la chasse au caribou) sur la santé et le bien-être des communautés autochtones.
  • Les titulaires de droits devraient être dûment consultés sur la façon dont ils souhaitent gérer une espèce, en tenant compte des exceptions liées à la récolte de subsistance et aux chasses cérémonielles afin de perpétuer ces compétences.
  • La planification communautaire et environnementale devrait s’inscrire dans une approche globale, les programmes de financement devant tenir compte de cette réalité.

Aires protégées

  • Pourquoi établit-on les aires protégées? Est-ce pour la science, pour le savoir autochtone, ou pour respecter des engagements?
  • Le plan de gestion marine dirigé par le gouvernement du Nunatsiavut est un bon exemple d’aire de protection de la biodiversité qui s’accompagne de possibilités économiques (p. ex. la pêche).
    • Ce plan de gestion marine est en cours d’élaboration en partenariat avec un groupe de travail de partenaires externes qui est composé de représentants de divers ministères fédéraux.
    • Le gouvernement du Nunatsiavut souhaite également élaborer un accord de cogestion des eaux internationales situées près de sa côte.
  • Pour les aires protégées, il faudrait avoir recours à une approche de gestion adaptative s’appuyant à la fois sur le savoir autochtone et la science.
    • Des fonds devraient servir à appuyer la collecte et la gestion locales des connaissances autochtones.

Gestion des données

  • Les communautés devraient définir les priorités de recherche et participer à la collecte, à l’analyse, au stockage et à l’utilisation des données relatives aux connaissances scientifiques et autochtones.
    • Une infrastructure et un financement devraient appuyer ce processus.
    • Ces données pourraient servir à la gestion et à l’élaboration des plans de conservation.
  • Il existe bien des malentendus quant à la manière dont il faudrait recueillir, analyser et utiliser les connaissances traditionnelles. Il est possible de s’appuyer sur certains travaux existants, comme un ouvrage de Brenda Parlee, publié en 2014, qui a pour titre « Using traditional knowledge to adapt to ecological change: Denésǫłıné monitoring of Caribou movements ».
  • Les collèges du Nord (conformément aux règlements sur l’octroi de permis pour la recherche dans chaque territoire) et certains groupes de revendications territoriales s’occupent de gérer les données, mais n’ont pas nécessairement les fonds ni la capacité pour le faire.

Protéger des écosystèmes entiers

  • De plus en plus de recherches et de fonds sont consacrés à la mégafaune (ours polaires, caribous, etc.), mais il est nécessaire de tenir compte de l’ensemble de l’écosystème, comme les oiseaux migrateurs, ou d’autres sujets moins captivants.
  • Les efforts de conservation devraient tenir compte d’éléments transfrontaliers entre les territoires, les revendications territoriales, les frontières nationales, etc. (p. ex. oiseaux migrateurs, caribou, répercussions du transport des marchandises, etc.).
    • Par exemple, le Conseil circumpolaire inuit a créé une commission transfrontalière pour étudier la polynie des eaux du Nord (l’une des aires marines les plus diversifiées sur le plan biologique) et encourager la cogestion inuite (Groenland et Canada).

Comprendre les répercussions globales des projets de développement économique

  • Les avantages économiques d’un projet minier pourraient sembler supérieurs à ceux qu’offrent les pêches, le tourisme ou les activités de récolte, mais tout dépend de ce qu’on entend par « avantages ».
    • Par exemple, la valeur de la Colombie-Britannique réside dans le tourisme et l’immobilier (liés à la beauté de l’environnement), ce qui peut surpasser la valeur économique que pourrait présenter la construction d’un pipeline.
  • La planification économique fondée sur la valeur des actifs est une approche adoptée par certaines communautés du Yukon; il pourrait être utile de l’examiner.

L’Arctique dans un contexte mondial

Questions pour discussion

  • Quels intérêts et priorités nationaux le gouvernement du Canada devrait-il mener à l’échelle internationale?
  • D’après vous, quels seront les principaux défis et possibilités de la politique étrangère et de défense du Canada pour l’Arctique dans les 10 à 20 prochaines années?

Se préparer de manière proactive aux tendances à venir

  • Étant donné les structures de gouvernance complexes dans le Nord, il est difficile d’adopter une approche proactive et prospective.
  • Les collèges de l’Arctique sont bien placés pour appuyer de tels plans proactifs et prospectifs pour l’Arctique, car ils ont plus de temps et une meilleure portée que les gouvernements pour le faire.
  • Les participants ont cerné quelques thèmes pouvant nécessiter une planification proactive d’ici 2030 :
    • L’accélération du changement climatique (pouvant avoir une incidence sur les écosystèmes), l’accès aux aliments prélevés dans la nature, les routes d’expédition, etc.;
    • Le boom démographique dans l’Arctique, qui souligne l’urgence d’agir;
    • Un contexte géopolitique en évolution (p. ex. le développement du transport maritime de la Chine et la Russie dans l’Arctique).

Capacité d’intervention d’urgence

  • Il existe une lacune en matière de services d’intervention d’urgence et de surveillance, la Garde côtière étant basée uniquement à Iqaluit.
  • Nombre de participants ont convenu de la nécessité d’investir dans les capacités d’intervention d’urgence, notamment pour mettre en œuvre les engagements énoncés dans l’Accord de coopération en matière de préparation et d’intervention en cas de pollution marine par les hydrocarbures dans l’Arctique du Conseil de l’Arctique, alors que l’on prévoit une augmentation du trafic maritime dans le passage du Nord-Ouest.
  • Les bureaux universitaires et gouvernementaux pourraient travailler en partenariat pour recueillir des données à l’appui des opérations d’intervention d’urgence.

Déficit infrastructurel

  • Le port de Churchill, le seul port de la côte nordique, est actuellement fermé, faute d’investissements.
  • Il pourrait exister des possibilités de coopération et d’investissement entre la Chine et le Canada dans les infrastructures du Nord.
  • Les satellites militaires lancés dans l’orbite polaire pourraient servir à accroître la connectivité à large bande et la précision des prévisions météorologiques dans l’Arctique canadien.

Investir dans l’éducation et la recherche et en faire la promotion

  • Les fonds sont insuffisants pour mener des activités de recherche en sciences sociales en collaboration avec d’autres pays de l’Arctique (p. ex. pour assister à des réunions internationales).
  • Le Canada n’utilise pas toujours les dernières recherches et découvertes technologiques (p. ex. un nouveau test d’urine élaboré aux États-Unis qui permet de détecter la tuberculose en 12 heures).
  • Les collèges et les centres de recherche de l’Arctique ont besoin d’un investissement continu afin de permettre la mobilité des connaissances à l’échelle des trois territoires.
    • Les sciences sociales, la santé et le savoir autochtone bénéficient généralement d’un financement inférieur à celui des sciences physiques.
  • Le Canada devrait mieux promouvoir le Nord dans le cadre d’événements internationaux (p. ex. le Canada étant le « pays thème » de l’un plus grand salon du livre au monde à Francfort, cela devrait être l’occasion de promouvoir la littérature du Nord canadien).
  • Puisque la plupart des recherches dans le Nord sont multidisciplinaires (p. ex. la santé, les sciences sociales et les sciences naturelles) et comportent des partenariats (p. ex. entre les collèges du Nord et des universités du Sud), les fonds devraient être adaptés à ces réalités.
    • Une fusion du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie et du Conseil de recherches en sciences humaines pourrait être envisagée.

Gestion des données

  • Il serait nécessaire qu’un organisme centralisé coordonne et gère les renseignements et les données dans le Nord; ces données étant actuellement gérées par une variété de ministères et d’universitaires.
    • Par exemple, il est plus facile d’accéder aux données des États-Unis qu’à celles du Canada.
    • On pourrait s’inspirer du Bureau de la sécurité des transports, qui a affiché ses données en ligne.
  • La gestion des données devrait pouvoir s’appuyer sur la connectivité et une infrastructure de technologie de l’information.
  • La gestion des données peut aider à trouver de meilleures solutions aux enjeux du Nord. Il s’agit d’un élément important par rapport à tous les thèmes abordés aujourd’hui.

Liens nationaux et internationaux en matière de développement

  • Il y a eu certaines discussions à savoir si le Canada devrait « mettre de l’ordre dans ses propres affaires » avant de procéder à une mobilisation ou de se poser en chef de file sur la scène internationale. Les participants ont conclu que les efforts nationaux et internationaux devraient se faire en parallèle, tout en reconnaissant que la résolution des problèmes nationaux (p. ex. le suicide, le logement, etc.) renforcerait la position internationale du Canada.
  • Les priorités en matière de développement national devraient également éclairer les priorités et la stratégie internationales.
  • Plusieurs participants ont soutenu que le Canada devrait jouer un rôle de chef de file et mobiliser d’autres gouvernements étrangers pour aborder les enjeux et les possibilités de développement propres aux communautés de l’Arctique. Un participant a ajouté que cela devrait inclure des efforts pour promouvoir l’autodétermination des peuples autochtones.

Autres commentaires

  • Plusieurs participants ont reconnu l’importance de la position du gouvernement canadien selon laquelle le passage du Nord-Ouest relève des eaux intérieures, mais ont souligné qu’il ne faudrait pas que cela en vienne à entraver le commerce ou le transport international.
  • Il devrait y avoir une collaboration accrue dans l’« Arctique nord-américain », c’est-à-dire la région qui englobe l’Alaska, le Groenland et le Nord du Canada.
    • Par exemple, le Groenland envisage d’utiliser St. John’s comme port.
    • On pourrait faire davantage appel aux autres universités du Nord.
  • Ce ne sont pas tous les gouvernements internationaux qui admettent que les habitants du Nord devraient être un partenaire clé et contribuer au dialogue international sur l’Arctique.
  • Le Cadre doit reconnaître que l’Arctique est en situation de crise en raison de la croissance démographique, des changements climatiques, de mauvais indicateurs de santé, etc.

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