Tables rondes régionales sur le cadre stratégique pour l'Arctique : Iqaluit, le 2 novembre 2017
Voici un résumé des tables rondes régionales sur le cadre stratégique pour l'Arctique qui se sont tenues à Iqaluit, au Nunavut, le 2 novembre 2017.
Sur cette page
- Participants
- Thèmes et messages fondamentaux pour le cadre
- L'infrastructure globale de l'Arctique
- Des citoyens et des communautés forts dans l'Arctique
- Des économies solides, durables et diversifiées dans l'Arctique
- Science de l'Arctique et savoir autochtone
- Protéger l'environnement et conserver la biodiversité de l'Arctique
- L'Arctique dans un contexte global
Participants
Des représentants de Nunavut Tunngavik Incorporated, des associations régionales inuites, des sociétés d'aide aux entreprises et des agences de développement économique communautaire inuites ainsi que les chambres de commerce régionales ont rencontré les représentants fédéraux et territoriaux à Iqaluit le 2 novembre 2017 à l'occasion d'une table ronde sur le cadre stratégique pour l'Arctique. Dans le but de protéger la vie privée des participants, le nom des personnes n'est pas divulgué, à moins qu'une permission d'être cité ait été obtenue.
Thèmes et messages fondamentaux pour le cadre
- Des participants ont souligné sur le fait que le thème « des citoyens et des communautés forts dans l'Arctique » devrait être au cœur du cadre stratégique pour l'Arctique.
- Un certain nombre de participants ont indiqué que l'approche plus ouverte adoptée par le gouvernement du Canada dans cette démarche était rafraîchissante et encourageante et qu'ils aimeraient la voir appliquée à d'autres initiatives fédérales.
- Des participants étaient en accord avec une approche holistique, pangouvernementale des défis liés aux politiques dans l'Arctique. Ils souhaitent que la création d'un nouveau cadre stratégique comprenne l'adoption d'un regard neuf sur les programmes et services offerts dans le Nord, en accordant une attention particulière à savoir s'ils sont accessibles aux habitants du Nord et s'ils reflètent la réalité nordique. Finalement, les participants veulent voir un cadre stratégique qui permette que les programmes et les services améliorent la vie des Nunavummiut et des autres habitants de l'Arctique canadien.
- Des participants ont souligné les besoins uniques du territoire ainsi que la diversité régionale.
- Des participants ont noté que les priorités et les besoins des régions du Nunavut tels que définis par les associations régionales inuites et d'autres organisations inuites désignées diffèrent parfois des priorités formulées par le gouvernement du Nunavut.
- Un appel a été lancé pour renforcer les partenariats et la collaboration à l'intérieur du territoire ainsi qu'avec le gouvernement du Canada pour progresser vers des buts communs et pour répondre aux besoins particuliers de la région.
- La nécessité d'une plus grande souplesse en termes d'élaboration de programmes, de services et d'occasions de financement a été soulevé pendant la rencontre.
- Un désir pour une autonomie accrue ainsi que pour progresser dans des domaines qui représentent des défis sociaux de longue date ont été déterminés comme des aboutissements idéaux du nouveau cadre stratégique.
- Des participants ont exprimé leur espoir que le cadre stratégique pour l'Arctique permettra d'obtenir des résultats significatifs.
- Des participants ont insisté sur leur intérêt pour un engagement continu dans le processus de codéveloppement.
L'infrastructure globale de l'Arctique
- Des participants ont insisté sur le fait que les organisations inuites souhaitent devenir partenaires – y compris jouer un rôle éventuel de partenaire financier – avec les gouvernements du Canada et du Nunavut dans la création de solutions d'infrastructures.
Infrastructures transformatrices
- Des participants ont noté le besoin pour une approche « construction de nation » transformatrice pour l'infrastructure de la région. Même si les participants ont reconnu que ces types d'investissement « qui changent une vie » seraient accompagnés d'un coût élevé, ils ont soutenu que des investissements appropriés permettraient d'économiser de l'argent à long terme.
- L'approche actuelle des infrastructures, y compris du logement, était caractérisée par une solution « de rapiéçage » qui garde le territoire en état de crise.
- Des participants ont indiqué que les Nunavummiut ne cherchent pas à obtenir un traitement spécial – ils veulent uniquement un style de vie comparable à celui dont profitent les Canadiens qui habitent plus au sud. Un participant a expliqué que sans l'accès à l'Internet de haute qualité, les étudiants dans le Nord sont en situation de désavantage par rapport aux étudiants dans le sud.
- Des participants se sont dit préoccupés à savoir que le Nunavut ne bénéficie pas des initiatives actuelles d'infrastructures du fédéral étant donné les conditions d'admissibilité de tels programmes. Les participants étaient critiques par rapport au fait que les programmes d'infrastructures des transports semblaient orientés seulement vers les défis et les besoins du sud.
Besoins uniques pour les infrastructures du Nunavut
- Des participants ont insisté sur les besoins uniques en infrastructures du Nunavut, y compris la grandeur du territoire et la distance entre les communautés, ainsi que sur l'héritage d'infrastructure qui découle d'une transition rapide d'une façon de vivre traditionnelle vers la modernité occidentale qu'ont vécu les Inuit du Nunavut au cours du XXe siècle. Cette transition, qui a compris la réinstallation des Inuit du Nunavut dans des communautés permanentes, signifie que la plupart des communautés du territoire ont été construites au même moment. En conséquence, le Nunavut est confronté à des préoccupations « générationnelles » d'infrastructures de communautés, étant donné que les infrastructures deviennent vieillissantes en même temps à travers le territoire.
- Des participants ont fait le lien entre les besoins en infrastructures avec l'héritage des réinstallations d'Inuit dans l'Extrême Arctique, et ont lancé un appel au gouvernement du Canada à tenir les promesses faites envers ces Inuit qui ont été relocalisés en leur fournissant des infrastructures adéquates pour soutenir les communautés dans l'Extrême Arctique.
- Des participants ont discuté des problèmes liés au financement par habitant des dépenses en infrastructures, ce qui ne reflète pas les besoins et la réalité du Nord.
- Des participants ont souligné que les infrastructures jouent un rôle déterminant pour faire face aux défis sociaux dans le Nord. Un participant a utilisé l'exemple du logement, indiquant que les nombreux problèmes sociaux auxquels les habitants du Nord se heurtent – y compris les résultats en éducation, en nutrition, dans la sécurité, dans la protection contre les abus ainsi que dans la santé mentale – tirent leur origine du surpeuplement : « tout est basé sur le fait qu'un individu puisse ou non avoir sa propre chambre à coucher ».
Régions distinctes
- Des participants ont noté que les différentes régions du Nunavut ont des besoins distincts en infrastructures et que les régions du Nunavut doivent jouer un rôle dans les décisions qui donnent forme aux infrastructures.
- Des participants ont observé que pendant que les associations régionales inuites se développent et se renforcent grâce à l'influx de financement pour le développement des ressources, des occasions se présentent pour des partenariats bilatéraux entre les associations régionales inuites et le gouvernement du Canada concernant des projets régionaux d'infrastructures. Certains participants ont critiqué le fait que le gouvernement du Nunavut doive donner son accord aux projets en infrastructure comme condition préalable pour faire une demande de financement fédéral pour des projets régionaux.
Besoins particuliers en infrastructures
- La discussion a abordé les occasions créées grâce à des liens d'infrastructures de communauté à communauté plus forts sur le territoire, au lieu de se concentrer sur l'accès à partir du sud. Des liens plus étroits entre les communautés pourraient diminuer le coût de la vie et réduire le nombre de communautés accessibles uniquement en avion.
- Des participants ont demandé un accès à l'Internet accru au Nunavut grâce à la création de nouveaux réseaux de fibre optique.
- Des participants ont noté le besoin particulier pour des routes praticables en tout temps, des améliorations pour les pistes d'atterrissage, des havres et des ports pour petits bateaux. Les projets potentiels ayant fait l'objet de discussions comprennent une route de Churchill au Manitoba vers la région de Kivalliq au Nunavut, ainsi que des améliorations aux ports pour soutenir l'industrie de la pêche dans Coral Harbour et pour apporter du soutien à la communauté de Naujaat, un endroit clé au sein du passage du Nord-Ouest.
- Un participant a suggéré la possibilité d'une approche similaire à celle de la Voie maritime du Saint-Laurent en ce qui a trait à la gestion de la circulation dans le passage du Nord-Ouest où des pilotes formés et brevetés guideraient les navires à travers le passage.
- Des participants ont discuté de l'infrastructure culturelle, y compris des initiatives actuelles pilotées par l'association inuite de Kivalliq pour construire un certain nombre de centres culturels ainsi que de la possibilité d'un centre de l'héritage du Nunavut.
Des citoyens et des communautés forts dans l'Arctique
- Construire des institutions et des services qui sont enracinés dans la culture et la langue inuites a été soulevé comme un aspect déterminant pour soutenir les citoyens et les communautés forts au Nunavut.
- Des participants ont insisté sur le fait que les solutions aux problèmes sociaux sont incluses dans l'entente du Nunavut et ont demandé une mise en œuvre complète de l'entente. À titre d'exemple, le développement des capacités ainsi que les emplois, qui peuvent être instaurés grâce à l'article 23 de l'entente du Nunavut (emploi des Inuit au sein du gouvernement), sont des piliers majeurs du bien-être collectif.
Éducation
- Des participants ont demandé le renforcement du système d'éducation du Nunavut, y compris l'enseignement supérieur et la construction d'une confiance de la communauté envers le système d'éducation dans le contexte de l'héritage des écoles résidentielles.
- On a insisté sur l'importance de mieux soutenir le système d'éducation, pas seulement par le recrutement et le maintien en poste des enseignants, mais aussi par la mise en place de services de soutien globaux comme l'accès à des conseillers et l'évaluation des troubles d'apprentissage. Des participants croient qu'étant donné que le nombre d'enseignants est restreint, il est difficile pour le territoire de se sortir du « mode crise » et de faire des progrès concernant ces importants services de soutien globaux.
- Des participants ont demandé un soutien accru du fédéral pour l'éducation à la petite enfance, en mettant l'accent sur les effets bénéfiques de l'apprentissage dès le tout jeune âge sur les individus une fois devenus adultes, y compris les conséquences favorables sur la santé mentale. Les apprentissages tôt dans la vie soutiennent aussi la participation des parents, plus particulièrement les mères, dans la population active et dans l'éducation.
- Des participants ont noté que toutes ces formes de services et de soutiens éducationnels seraient renforcées si on s'assurait qu'elles soient bien ancrées dans la culture et la langue inuites.
- Des participants ont discuté de la nécessité d'une université de l'Inuit Nunangat.
Aliments prélevés dans la nature
- Des participants ont noté que les aliments prélevés dans la nature représentent une industrie majeure qui pourrait bénéficier de plus de soutien et être exploitée davantage pour améliorer les résultats économiques et sociaux.
- Des participants ont expliqué que les Inuit préfèrent un régime de « 100 milles » basé sur les aliments prélevés dans la nature, mais les participants avaient l'impression que les réglementations fédérales et les programmes alimentaires n'apportent pas de soutien à la récolte d'aliments prélevés dans la nature, à leur production et à leur consommation. Des participants ont aussi fait référence aux bénéfices sociaux et aux répercussions positives sur l'économie locale de soutenir un régime de « 100 milles ». Les possibilités incluent l'élaboration d'« incubateurs » locaux où les chasseurs locaux et les artisans pourraient échanger des aliments prélevés dans la nature et des produits culturels pour d'autres biens et services.
- Faisant référence à des succès dans le passé grâce à la livraison gratuite des aliments prélevés dans la nature, un participant a suggéré que le programme Nutrition Nord Canada pourrait apporter son aide pour la livraison d'aliments prélevés dans la nature au sein du territoire, pour s'assurer que les régions sans accès (à cause des moratoires de chasse, etc.) soient en mesure d'apporter les aliments prélevés dans la nature provenant d'autres endroits. Ce type de service pourrait aussi encourager l'utilisation des aliments prélevés dans la nature et agir comme une forme de soutien aux chasseurs et au développement économique.
Logement
- Le logement a été soulevé dans nombre de contextes différents comme un besoin majeur et la pénurie de logements a été décrite comme exerçant une influence nuisible sur le bien-être collectif et sur le succès économique.
- Des participants ont discuté des barrières à un programme social et à la prestation de services efficaces. Des frustrations avec des révisions constantes des programmes, des prolongations de programmes à court terme et la difficulté de planifier pour l'avenir ainsi que la difficulté de composer avec les cycles fiscaux fédéraux ont été cités comme obstacles aux solutions à long terme.
- Des participants ont noté qu'il existe de nombreux exemples de réussite de solutions « par et pour le Nunavut » aux problèmes sociaux et autres défis liés aux politiques, mais que ce financement et les autres formes de rigidité du gouvernement peuvent rendre difficile de soutenir ces programmes et ces services conçus au Nunavut. Dans certains cas, ces exemples de réussite ont dû prendre fin pour cause de manque de soutien.
Création de programmes sociaux et financement
- Des participants ont insisté sur le fait qu'un financement stable, souple et pluriannuel et une exigence fondamentale.
- Des participants ont mis l'accent sur le fait que le financement pour la création de programmes et d'autres formes de soutien social devrait adopter une approche axée sur les résultats et favoriser le succès grâce à un investissement à long terme.
- L'importance des solutions et la création de programmes basés sur les distinctions était mise de l'avant. Des participants ont décrit la façon dont des tentatives de mise en place de solutions panamérindiennes ont échoué à prendre en considération les besoins respectifs des Premières Nations, des Inuit et des Métis.
- Des participants ont soulevé le problème de Nunavummiut qui sont dans l'impossibilité d'accéder à certains services sociaux parce qu'ils ne produisent pas de déclaration de revenu et ils ont demandé s'il existe des moyens d'aborder ce problème pour s'assurer que tous les Nunavummiut soient en mesure d'avoir accès aux programmations sociales qui leur sont nécessaires.
Des économies solides, durables et diversifiées dans l'Arctique
Une vue Nordique
- Malgré le fait que des pôles du Nord telles que Churchill au Manitoba sont souvent vues elles-mêmes comme « tournées vers le Nord » et comme un « portail vers le Nord », des participants ont insisté sur le fait qu'ils s'intéressent à renverser ce type de perspective en élaborant une perspective d'affaires centrée sur le Nord qui fait la promotion de l'autosuffisance et qui perçoit le sud comme un marché, et non seulement comme une source de biens, de services et de travailleurs.
- Des participants ont exprimé le souhait que la Vision panterritoriale en vue d'un développement durable soit intégrée dans la section économique du cadre stratégique pour l'Arctique.
Partenariats et le rôle des agences de développement économique régionales
- Des participants ont demandé une meilleure harmonisation entre les créations de programmes du fédéral et la façon de penser propre aux Nunavummiut concernant ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas en matière de développement économique du territoire.
- Des participants ont signalé le manque d'harmonisation entre les priorités du gouvernement du Nunavut et les besoins en développement économique définis par les organisations inuites désignées et ont demandé un renforcement du partenariat. Les agences de développement économique régionales, en particulier, croient qu'il existe d'autres occasions pour des partenariats et de la collaboration avec le gouvernement du Nunavut sur des projets majeurs en infrastructure.
- De façon plus large, des participants ont demandé une approche du développement économique plus globale et axée sur le partenariat dans lesquels les gouvernements travailleraient de près avec les organisations de développement économique et d'autres intervenants pour maximiser les ressources et les initiatives en formation et en éducation.
- Des participants ont discuté du rôle des organisations de développement économique au Nunavut et ont noté que certaines de ces organisations cherchent à s'écarter de la compétition avec des plus petites entreprises, de dimension communautaire. Des participants ont aussi discuté de la possibilité de rassembler les quatre organismes régionaux de développement économique du Nunavut en une seule entité qui aurait la possibilité de faire plus facilement la liaison avec le gouvernement du Nunavut et le gouvernement du Canada.
Renforcement de la capacité et soutien aux diplômés et aux apprentis
- Les participants ont insisté sur l'importance de renforcer la capacité, et de conserver la richesse générée par le Nunavut à l'intérieur de ses frontières, en faisant référence à la « fuite économique » du Nord vers le sud qui représente un problème majeur.
- Le manque de soutien pour les infirmières récemment formées, pour les apprentis et autres par l'entremise de pratiques d'embauches du gouvernement a été indiqué comme problème.
Logement
- Le logement était considéré comme une barrière majeure à la croissance économique et à la mobilité économique pour les Nunavummiut partout sur le territoire, ainsi qu'un frein au développement des compétences et à l'éducation supérieure. Il a été noté que le nombre d'étudiants de niveau postsecondaire était limité, non pas par le manque d'espace en classe, mais par la disponibilité des lits et de logements étudiants.
- De la même façon, le manque de logement dans les communautés près des projets comportant des ressources majeures empêche les travailleurs des autres endroits du territoire de déménager dans des régions ayant des occasions d'emploi éventuelles. En conséquence, la main-d'œuvre est importée du sud et y retourne une fois leur contrat de travail terminé.
- Le logement a été ciblé comme une occasion de penser de manière stratégique, de soutenir des projets et des ressources ainsi que de créer des partenariats avec des organismes de développement inuits pour s'assurer que les stages, le renforcement de la capacité et la création d'emplois locaux se mettent en marche en même temps que la construction de nouvelles maisons.
- Des obstacles à l'augmentation du nombre de logements au Nunavut comprennent les coûts de construction et de l'importation de matériel ainsi que le manque de terrains viabilisés.
- Le logement est aussi un secteur dans lequel le territoire subit une quantité importante de « fuite économique ». Le logement a besoin d'investissements majeurs, mais une grande partie de l'argent dépensé en main-d'œuvre et en approvisionnement (et le revenu d'impôt qui provient de ces biens et approvisionnements) coule vers le sud.
Emploi
- Des participants ont décrit la façon donc chaque compétence provinciale et territoriale a un ministre responsable de l'emploi, à l'exception du Nunavut. Cette situation diminue la capacité de mettre en place une approche intégrée et coordonnée d'une définition des priorités en lien avec l'emploi sur le territoire.
- L'article 23 de l'entente du Nunavut (l'emploi d'Inuit au sein de gouvernement) a fait l'objet de discussions, avec une référence au rapport de PricewaterhouseCoopers commandée par Nunavut Tunngavik Incorporated pour étudier le coût pour le territoire d'échouer à développer une fonction publique représentative. Le rapport a signalé que les Inuit du Nunavut perdront environ 1,2 milliard de dollars en salaires potentiels de 2017 à 2023 à cause de l'incapacité à mettre en œuvre l'article 23.
- Des participants ont décrit comment la majorité des employés du secteur privé sont des Inuit, mais que ces employés sont les moins bien payés. Les mines offrent des emplois bien payés aux Inuit, ont indiqué des participants, mais ce n'est pas tout le monde qui souhaite travailler dans une mine.
Le potentiel de développement économique
- Il a été suggéré que la détention de droits de propriété par les Inuit de toutes les sources alternatives d'énergie sur le territoire pourraient être un moyen par lequel les Inuit du Nunavut pourraient tirer profit des ressources de leur territoire et cela fournirait une occasion de mieux maximiser les bénéfices liés aux terres possédées par les Inuit.
- Des participants ont signalé un manque de soutien du fédéral pour l'industrie de la pêche comme un problème majeur dans le territoire et ont argué que la réglementation fédérale a des répercussions négatives sur le Nunavut en ce moment, à cause de l'aide apportée aux entreprises de pêche de l'extérieur du territoire et qui réalisent leurs opérations dans les eaux limitrophes du Nunavut. Des participants ont affirmé que d'importantes sommes d'argent sont dépensées par le gouvernement du Canada pour soutenir l'industrie de la pêche des autochtones, mais aucune de ces sommes n'a été allouée au Nunavut.
- Des participants ont noté que les industries de bateaux de croisières et du tourisme offrent des occasions importantes pour les communautés du Nunavut, mais créent aussi une lourde charge en ce qui concerne la capacité pour les petites communautés qui ne peuvent accueillir un grand nombre de visiteurs.
- Un participant a suggéré que les occasions d'affaires puissent être élaborées au niveau local grâce à la surveillance et la collecte de données. Ces données pourraient ensuite être vendues aux gouvernements et aux institutions universitaires. De tels projets demandent un investissement dans le renforcement de la capacité locale.
- Des participants ont discuté de la possibilité du gouvernement du Nunavut de financer sa propre compagnie aérienne, faisant référence au coût élevé des déplacements aériens à partir du Nunavut, ainsi qu'au rôle important que le gouvernement fédéral a joué en créant Air Canada.
Répercussions des décisions et politiques du gouvernement
- Des participants ont décrit la façon dont les décisions liées aux politiques peuvent avoir des conséquences à long terme qui peuvent perturber d'importantes relations régionales. Par exemple, le Nunavut avait dans le passé une relation plus forte avec le Manitoba et l'Alberta lorsque des biens étaient livrés de ces provinces vers le territoire. Cependant, une modification des politiques a fait en sorte que les produits livrés partent maintenant de Montréal. Cette décision a été prise pour réduire les dépenses du gouvernement, mais finalement, elle a engendré des frais importants pour les entreprises et a forcé les sociétés de développement à embaucher des consultants francophones afin de faire affaire efficacement au Québec. Les relations d'affaires à long terme avec l'Ouest canadien en ont été perturbées.
- Des participants perçoivent une absence de parité avec le développement économique des autochtones au sud du soixantième degré en ce qui a trait aux programmes de développement économique et au financement. Des participants ont aussi exprimé leur insatisfaction par rapport au niveau de financement disponible par l'entremise de l'Agence canadienne de développement économique du Nord, ainsi qu'en lien avec les répercussions des cycles de financement à court terme.
- Des participants ont le sentiment que l'octroi de contrats de la part du gouvernement du Nunavut semble en faveur des entreprises situées plus au sud qui peuvent soumissionner un prix plus bas, mais qui souvent ne parviennent pas à compléter le travail à cause de facteurs environnementaux.
Autres défis
- Des participants étaient très critiques concernant le rôle joué par les entreprises qui détiennent des quasi-monopoles dans les communautés du Nunavut. Des participants ont le sentiment que ces entreprises exploitent souvent le territoire.
Science de l'Arctique et savoir autochtone
Savoir autochtone
- Un rôle plus important pour le savoir autochtone, y compris une capacité appropriée à sein du gouvernement, a été demandé. Des participants ont observé que ce champ de connaissances est souvent considéré comme superficiel ou comme moyen de valider/fournir un soutien secondaire aux conclusions scientifiques.
- Le besoin pour la capacité du savoir autochtone au sein du gouvernement a été lié aux avancements sur le plan des emplois d'Inuit en accord avec l'article 23 (emploi des Inuit au sein du gouvernement) de l'entente du Nunavut.
- Des participants ont noté que le savoir autochtone devrait être considéré comme un champ de connaissances distinct et égal à la tradition de la civilisation occidentale.
- Le savoir autochtone, ont insisté des participants, ne devrait pas être relégué au rang de ouï-dire ou considéré comme simplement anecdotique.
- Des participants ont discuté d'exemples où des conclusions scientifiques et le savoir autochtone ne correspondaient pas. Un exemple a été donné en lien avec la sédation des ours polaires. Les Aînés soutiennent que cette pratique altère le goût de la viande; les scientifiques affirment qu'elle n'a aucun effet sur la viande. L'un des participants a noté : « Je suis plus enclin à croire ceux qui mangent réellement la viande ».
- Des occasions de partenariat et de dialogue renforcés sont vus comme bénéfiques pour réduire les frictions entre ces deux domaines de savoir.
- Des participants ont abordé le thème de la construction de la Station canadienne de recherche dans l'Extrême-Arctique ainsi que la mise en place de ports pour petites embarcations à Pond Inlet et à Iqaluit comme des exemples de réussites dans l'utilisation du savoir local.
Recherche et communautés
- Des participants ont parlé d'une déconnexion entre les programmes de sciences et de recherche fédéraux, y compris la Station canadienne de recherche dans l'Extrême-Arctique ainsi que la création de programmes en lien avec le plateau continental du Canada, et les communautés locales.
- Des participants ont décrit la façon dont les communautés locales ont souvent le sentiment que les résultats des recherches ne leur sont pas communiqués et qu'il y a un manque de confiance entre les organismes communautaires et les chercheurs.
Enjeux politiques et recherche
- Citant l'exemple de recherche concernant la taille de la population d'ours polaires, certains participants ont argumenté qu'il existe une grande part « de recherche non objective et à saveur politique qui se produit dans le Nord. »
Sciences humaines
- Des participants ont insisté sur l'importance de la recherche en sciences humaines dans l'Arctique et le Nord, expliquant que le programme Jane Glassco Northern Fellowship, dirigé par la Walter et Duncan Gordon Foundation, est un exemple de succès dans ce domaine.
Protéger l'environnement et conserver la biodiversité de l'Arctique
Changements climatiques
- Des participants ont expliqué être en faveur de solutions locales aux changements climatiques, à l'environnement et au développement. Ils ont noté que les répercussions des changements climatiques se manifestent de façon importante au Nunavut. Ils croient que certaines des solutions devraient provenir des Nunavummiut.
Conservation et gestion environnementale et de la faune
- Des participants ont fait référence au succès des régimes de gestion environnementale et de la faune du Nunavut et ont aussi noté que les Nunavummiut prennent leur rôle de gardiens de leur territoire très au sérieux.
- La priorité accordée à la conservation de la culture et de la tradition inuites a été omniprésente tout au long de la discussion sur les problèmes environnementaux. Des participants ont noté la perception largement partagée que les Inuit ne s'intéressent pas à la protection de l'environnement parce qu'ils sont des chasseurs. Cependant, il a été exprimé que même si le concept de conservation est relativement nouveau pour les sociétés occidentales, c'est une idée qui est pratiquée depuis des temps immémoriaux chez les Inuit.
- Des participants ont noté l'importance de conserver les lieux de mise bas des caribous dans la région de Kivalliq. Ceci est d'autant plus vrai étant donné les pressions pour l'aménagement sur les lieux de mise bas à d'autres endroits dans le territoire.
Répercussions internationales
- Des participants ont parlé de l'incidence des acteurs internationaux sur les communautés du Nunavut et sur l'environnement de l'Arctique, y compris l'exemple de débris de la fusée russe qui s'est écrasée dans les eaux au large de l'île d'Ellesmere en mai 2016.
Énergie alternative
- Des participants avaient le sentiment qu'il y avait un manque d'espace politique pour discuter de solutions d'énergies alternatives, plus précisément avec la Société d'énergie Qulliq, considérant le rôle occupé par le diesel dans le système d'énergie du territoire.
- Les sources d'énergie alternative pourraient inclure de l'énergie éolienne, plus particulièrement dans des endroits comme la région du Kivalliq, qui subit de forts vents.
L'Arctique dans un contexte global
Mobilité du Nord au Nord et mobilité des Inuit
- Renforcer la coopération du Nord au Nord au lieu d'importer des solutions provenant du sud était un élément clé de la discussion. Un participant a fourni l'exemple du programme éducatif du Nunavut, qui est emprunté à l'Alberta. Le participant a suggéré que le Nunavut pourrait utiliser le modèle du Groenland, qui serait plus pertinent sur le plan culturel. Le Canada peut bénéficier des pratiques exemplaires d'autres nations arctiques et collaborer sur des problèmes de préoccupation commune, comme le logement, le transport, l'Internet à haut débit et à fibre optique ainsi que la santé mentale.
- Des participants ont exprimé un fort intérêt pour une mobilité accrue des Inuit entre les juridictions (p. ex. le Nunavut et le Groenland), ce qui permettrait de créer des occasions de travailler ensemble, d'échanger les pratiques exemplaires et de s'outiller l'un l'autre. Les barrières à la mobilité et au commerce entre les juridictions comprennent le prix élevé des transports en avion, l'obligation de détenir un passeport, les processus de visas stricts, les douanes ou les limitations d'importation de faune et de flore, les lois d'immigration qui limitent l'échange de travailleurs et les occasions d'apprendre les uns des autres. Des participants ont fait référence en particulier au travail de la Pikialasorsuaq Commission mise en place par le Conseil circumpolaire inuit afin d'examiner le rôle spécial et éventuel de la polynie des eaux du Nord en tant qu'espace et que ressource partagés entre le Nunavut et le Groenland.
Souveraineté en Arctique et leadership de l'Arctique canadien
- Des participants ont l'impression que le Canada utilise l'occupation autochtone pour soutenir des revendications de la souveraineté de l'Arctique et que cela contraste avec les statuts social, éducationnel, sanitaire et économique des Inuit canadiens. Ils ont insisté sur le fait que le Canada devrait apporter son soutien aux peuples du Nord et investir chez les Inuit en tant que partenaire de premier plan pour la souveraineté de l'Arctique, y compris par l'octroi de ressources supplémentaires pour le programme des rangers du Nord et pour les interventions d'urgences basées au Nunavut.
- La discussion a touché ce que les participants ont vu comme une déconnexion entre les réalités vécues par les Inuit et les habitants du Nord et l'image que le Canada se donne en tant que leader de l'arène internationale de l'Arctique. Les propos du premier ministre Trudeau à l'assemblée générale des Nations Unies en septembre 2017, qui reconnaissait complètement les dommages causés par le colonialisme actuel sur les peuples inuits et les habitants du Nord, ont été vus comme un geste rafraîchissant et de réconciliation.
- En termes d'engagement, les participants ont noté une déconnexion entre les priorités locales et les actions du Canada dans l'arène internationale de l'Arctique. Des participants ont énoncé le besoin d'une gouvernance adéquate et d'une harmonisation des politiques pour s'assurer que les problèmes auxquels se heurtent les communautés inuites se reflètent dans la politique internationale du Canada en ce qui concerne l'Arctique.
- Un autre point important de la discussion portait sur la représentation des Inuit dans les instances internationales. Il a été noté que même si les Inuit participent aux politiques internationales sur l'Arctique, leurs suggestions ne sont pas souvent mises en place ou intégrées aux actions du Canada dans l'arène internationale de l'Arctique. Il a aussi été suggéré que le Canada explore d'autres façons d'apporter son soutien aux participants permanents au Conseil de l'Arctique et qu'il œuvre à renforcer et à formaliser leur rôle dans ce forum.
- Des participants ont exprimé des inquiétudes concernant l'augmentation de la circulation des navires, plus précisément les petits navires qui traversent le passage du Nord-Ouest sans être adéquatement supervisés par des systèmes d'identification automatique. Il a été noté que les Inuit devraient avoir une participation plus importante dans la surveillance maritime, à la fois en créant et en faisant appliquer des régimes réglementaires et aussi dans la possession des données. Un participant a suggéré d'établir un système pour collecter un droit de passage pour les navires qui traversent le passage du Nord-Ouest. D'autres ont noté que le Canada pourrait apporter un soutien plus grand aux initiatives de surveillance issues de la communauté.
- Le besoin de dynamiser le régime réglementaire établi par l'entente du Nunavut a été souligné dans le contexte d'augmentation de la circulation des navires dans l'Arctique canadien. Davantage de ressources pour les institutions publiques ont été demandées pour accorder plus de pouvoir à ces instances afin qu'elles jouent un rôle de mise en application.
Commerce
- Des barrières à l'accès aux marchés internationaux continuent d'entraver les occasions de développement économique. À titre d'exemple, la Loi sur la protection des animaux marins des États-Unis a empêché les touristes à bord du navire de croisière Crystal Serenity d'acheter des produits à base de phoque provenant des membres de la communauté de Cambridge Bay, étant donné que cette loi interdit l'importation aux États-Unis de produits issus du phoque en provenance d'autres pays. Le gouvernement doit prendre des mesures supplémentaires pour faire la promotion d'un marché international pour les produits du phoque. Des participants ont aussi abordé le sujet du coût élevé du transport aérien vers le Nunavut et à l'intérieur du territoire comme étant une barrière à la viabilité d'occasions d'écotourisme international.
Défense et sécurité
- Des participants ont exprimé le désir d'une plus grande présence des Forces armées canadiennes dans la région ainsi qu'un partenariat plus fort entre les Forces armées canadiennes et les communautés et les institutions locales, comme le Nunavut Arctic College, y compris l'utilisation éventuelle des ressources et des installations du ministère de la Défense nationale.
- Des participants ont discuté des initiatives éventuelles d'affiliations des communautés avec la Marine royale canadienne, selon lesquelles les nouveaux navires de patrouille extracôtiers et de l'Arctique seraient affiliés avec les communautés et les régions du Nord. Des participants ont exprimé un intérêt, mais ont insisté sur un désir de réel partenariat et de vraies occasions de formation, de construction de capacité et d'échange de connaissances.