Le gouvernement du Canada présente ses excuses pour l'abattage des chiens au Nunavik
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Contexte
Le 23 novembre 2024, la ministre des Relations Couronne-Autochtones a présenté des excuses aux Inuit du Nunavik pour les effets des politiques fédérales qui ont entraîné l'abattage de chiens au Nunavik de 1950 au début des années 1960.
Pendant ce temps, les actions et l'inaction du gouvernement du Canada ont perturbé le mode de vie des Inuit du Nunavik. Cela comprenait l'abattage des chiens de traîneau, sans lesquels les Inuit ne pouvaient pas accéder à la terre et ne pouvaient pas retourner à leurs camps de chasse ou à leurs pièges. Cela a conduit à de grands bouleversements économiques, culturels et émotionnels qui se font encore sentir aujourd'hui.
Les excuses officielles représentent le travail cumulatif de la Société Makivik (Makivvik) et du gouvernement du Canada. À la suite des excuses, le gouvernement du Canada a annoncé un financement de 45 millions de dollars pour des programmes de réconciliation. Le financement sera administré par Makivvik et les programmes seront offerts partout au Nunavik, par les communautés, pour les communautés. Nous espérons que, grâce à ces initiatives, les Inuit du Nunavik seront en mesure de réintroduire les chiens dans la communauté, d'éliminer les obstacles à l'accès à la terre et de promouvoir la guérison de la perte dévastatrice des chiens.
Ces excuses sont un premier pas vers la guérison. Le gouvernement du Canada continuera de renouveler sa relation avec les Inuit du Nunavik et de s'assurer qu'elle est fondée sur la reconnaissance des droits, le respect, la coopération et le partenariat.
Présentation d'excuses concernant l'abattage des chiens au Nunavik
L'histoire des Inuit va bien au-delà de leur relation avec ceux qui sont venus s'installer sur les terres que nous appelons aujourd'hui le Canada. Il est impératif que notre pays reconnaisse que, pendant des milliers d'années, les Inuit ont navigué dans les vastes paysages de l'Arctique avec une habileté incontestable, guidés par la sagesse des Aînés, les valeurs communautaires et leurs vaillants chiens de traîneau. Bien avant l'arrivée des Européens, les Inuit avaient mis en place des cultures, des systèmes de gouvernance et des infrastructures sociales riches, axés sur la coopération communautaire, l'adaptabilité et le respect de la terre, de la mer et des animaux. Tous ces éléments se retrouvent dans les lois, le savoir, la culture et les valeurs inuits.
Je suis ici aujourd'hui pour présenter des excuses officielles au nom de tous les Canadiens et du gouvernement du Canada pour l'implication du Canada dans l'abattage des chiens au Nunavik dans les années 1950 et 1960. Il est important pour moi d'être ici à Kangiqsujuaq, au Nunavik, pour ces excuses, et d'être avec vous dans les communautés où l'abattage s'est produit. L'abattage des chiens a eu lieu dans tout le Nunavik, et sa brutalité a semé chagrin et dévastation. Pour cela, aucun mot ne suffira à exprimer la peine et le regret que nous ressentons. Les actions et inactions qui ont conduit à l'abattage des qimmiit (chiens de traîneau) ont infligé aux familles inuites des souffrances et des difficultés qu'aucune d'entre elles n'aurait dû avoir à endurer.
Des Aînés m'ont parlé de l'horreur de l'abattage massif de chiens dont ils ont été témoins dans cette communauté. Les qimmiit ont été abattus, puis brûlés en tas sur la glace devant les propriétaires, et les restes ont été laissés là pour l'hiver, obligeant la communauté à se rappeler quotidiennement la violence et le traumatisme de la perte de leurs chiens. Ces actes d'inhumanité sont difficiles à comprendre aujourd'hui. Nous sommes ici aujourd'hui non seulement pour reconnaître cette injustice, mais aussi pour renouveler notre engagement à l'égard de la réconciliation, de la guérison et de la protection des modes de vie inuits.
À la suite de l'abattage des chiens, il ne restait plus que quelques qimmiit au Nunavik, et de nombreuses communautés avaient perdu tous leurs chiens. Les qimmiit constituaient un élément crucial du mode de vie des Inuit et revêtaient une signification profonde, car ils permettaient aux chasseurs de subvenir aux besoins de leurs familles et de leurs communautés, en plus de permettre aux Inuit de se déplacer à travers la terre et la mer, et d'assurer sécurité et protection. Lorsque les chiens ont été abattus, les Inuit ont été brusquement contraints de s'installer dans des établissements, adoptant un mode de vie non inuit qui a rompu leur lien vital avec les animaux, la terre et les traditions, un lien transmis depuis aussi longtemps que l'on s'en souvienne. L'abattage des chiens a causé une douleur immense et un traumatisme profond, car les Inuit ont perdu leur autodétermination et leurs moyens de subsistance et ont subi des ruptures incommensurables avec leur culture et leur société, qui se font encore sentir aujourd'hui.
Grâce aux paroles profondes des Aînés, des jeunes, des membres des communautés et des dirigeants inuits, j'ai pris conscience de l'intense douleur que l'abattage des chiens a causée et continue de causer à vos communautés. Les familles qui ont perdu leurs chiens en portent encore la douleur. Ce préjudice a été transmis aux jeunes générations par des traumatismes intergénérationnels et a considérablement contribué à la crise en santé mentale au Nunavik.
Le gouvernement fédéral prend la responsabilité pour le rôle qu'il a joué dans l'abattage des chiens. Au début des années 1950, l'abattage des chiens s'est produit sous l'autorité fédérale, même si les autorités fédérales savaient que les chiens étaient essentiels aux Inuit pour se rendre dans les camps et chasser. Au sein des communautés inuites des années 1950, la GRC était utilisée pour surveiller et appliquer les politiques fédérales qui perturbaient les modes de vie traditionnels et contribuaient à la marginalisation systémique des Inuit. Tout au long des années 1950 et 1960, les responsables fédéraux savaient que le massacre de chiens avait lieu et ont permis qu'il se poursuive, conscients que le mode de vie, la santé et le bien-être des Inuit dépendaient des chiens.
Il s'agit d'une horrible trahison de la part de ceux qui étaient chargés de soutenir et de vivre en partenariat avec les Inuit et qui étaient présents dans vos communautés. Cela a créé une immense méfiance à l'égard du gouvernement fédéral, y compris de la police. D'autres torts ont été causés par les réponses fédérales qui ne reconnaissaient pas pleinement le rôle du gouvernement fédéral, notamment le rapport de la GRC de 2006 qui a été particulièrement douloureux pour vos communautés. La GRC est aujourd'hui ici, en communauté avec nous, pour montrer son soutien à ces excuses et pour affirmer son engagement à rétablir la confiance, à favoriser les efforts de réconciliation et à établir des relations avec les Inuit.
Ces excuses officielles constituent l'une des mesures prises par le gouvernement fédéral vers la réconciliation et visent à tenter de regagner votre confiance.
Ces excuses auraient dû être présentées depuis longtemps. Les dirigeants inuits, plus particulièrement le président de Makivvik, monsieur Aatami, demandent ces excuses depuis 1999. Le Canada n'aurait pas dû attendre des décennies avant de présenter ses excuses aux Inuit de Nunavik pour le rôle que le gouvernement fédéral a joué dans la dépossession des chiens de traîneau, qui étaient vos compagnons et vos proches. Nous sommes également désolés que, parce que nous avons attendu, de nombreuses personnes dont la vie a été affectée par l'abattage de chiens ne soient pas avec nous pour entendre ces excuses. C'est en leur mémoire et en raison de leur leadership que les Inuit ont maintenu une position forte pour ces excuses, ainsi que pour l'intendance de l'Inuit Nunangat.
Ces gestes et cette façon de penser n'ont pas leur place dans les relations entre le gouvernement du Canada et les Inuit. La relation entre les Inuit et la Couronne devrait être fondée sur l'égalité, le respect, la compréhension et la confiance, et nous sommes résolus à collaborer avec les Inuit sur cette base, pour construire ensemble un avenir meilleur.
Au nom du gouvernement du Canada et de tous les Canadiens, je suis désolé. S'il vous plaît, pardonnez-nous. Isumajijunnaitaugumavugut.
Je suis désolé pour les actions et l'inaction du gouvernement qui ont mené à l'abattage des chiens et qui a permis que l'abattage se poursuive pendant tant d'années. Le Canada présente ses excuses pour les souffrances et les torts que l'abattage des chiens a causés à vos communautés pendant des générations.
J'ai eu la chance de rencontrer et d'écouter des dirigeants et des Aînés inuits qui m'ont souligné que les Inuit sont résilients et déterminés, qu'ils ont persévéré malgré cette dévastation et qu'ils ont toujours su s'adapter à leur environnement. Grâce à votre force, les Inuit n'ont pas perdu leur langue, leur culture et leur identité. La chasse et la terre font toujours partie intégrante de votre identité. Être sur la terre et avoir un lien avec les animaux font toujours partie intégrante de l'identité des Inuit. Depuis l'abattage des chiens, des initiatives dirigées par les Inuit ont permis de ramener les chiens de traîneau dans vos communautés. Ces initiatives ont permis de soutenir les propriétaires de chiens, de préserver les connaissances de plusieurs générations et de permettre aux chasseurs de continuer à pratiquer des modes de vie traditionnels sur la terre. L'une des plus anciennes initiatives dirigées par les Inuit est la course Ivakkak, que Makivvik organise depuis plus de 20 ans, pour célébrer le traîneau à chiens et démontrer la résilience et la force des Inuit.
Les Inuit n'auraient jamais dû supporter seuls le fardeau de la douleur et de la souffrance causées par ces atrocités infligées. Il est grand temps que le gouvernement fédéral prenne l'initiative de trouver des solutions véritables, et d'en être un partenaire actif, pour guérir ces blessures. Il s'agit d'un premier pas en vue d'une résolution. Le gouvernement du Canada et Makivvik continueront de travailler en partenariat vers la réconciliation.
Les registres historiques les plus anciens (d'abord les récits oraux et, plus tard, les documents écrits) montrent le lien profond que les Inuit entretiennent avec la terre et les qimmiit. Ce lien fait partie intégrante de la culture, du patrimoine et du mode de vie des Inuit. Le gouvernement du Canada reconnaît et honore ce lien durable et s'engage à construire avec les Inuit un avenir fondé sur le respect mutuel et l'égalité.
Nakurmiik. Merci.