Projet Iskweu : une bouée de sauvetage et de l'espoir
Le projet Iskweu – prononcé « is-kwèye », qui signifie « femme » en cri – a été créé par la directrice générale du Foyer pour femmes autochtones de Montréal, Na'kuset. Le projet permet d'offrir du soutien et d'assurer une intervention adéquate de la part des établissements lorsque des femmes, des filles, des personnes bispirituelles et des personnes de diverses identités de genre autochtones sont portées disparues ou assassinées.
Malheureusement, il y a une raison derrière l'existence d'une telle initiative. Entre 2009 et 2021, les taux d'homicides chez les femmes et les filles des Premières Nations, des Métis et des Inuit étaient 6 fois plus élevés que chez les non-Autochtones.
« Nous en avons tellement à faire, dit Na'kuset. Je suis très motivée. Chaque fois que je vois un problème, je crée un projet. » Iskweu est une bouée de sauvetage pour les familles et les proches qui ont besoin d'une aide immédiate lorsqu'une personne disparaît. En temps de crise, l'équipe du projet peut fournir des ressources comme des hôtels, le financement de déplacements et le soutien de psychologues ou d'Aînés.
L'un des nombreux défis qui existe est celui de reconnaître les torts du passé et la longue et parfois difficile histoire que la police a avec les communautés autochtones du Canada qui, souligne Na'kuset, a généré « cette tension de longue date avec la police ».
Le projet Iskweu est un intermédiaire. Les personnes qui ont besoin d'aide peuvent compter sur un coordonnateur pour s'adresser à la police en leur nom, puis la tenir responsable de ses efforts en vue de retrouver la personne disparue et rendre justice à celles qui ont été victimes de violence.
« Parfois, nous devons créer nos propres services et rappeler aux services qu'ils ont du travail à faire, explique Na'kuset. Il faut améliorer les choses pour la prochaine génération et ça ne peut pas attendre. »
Aucun jugement. Que de la compassion.
La prévention est également au cœur du projet Iskweu, qui aide les personnes qui tentent d'échapper à la violence à trouver des endroits sûrs où aller et les met en contact avec des ressources.
« De nombreuses femmes avec lesquelles nous travaillons consomment des substances en raison des traumatismes qu'elles ont subis et du manque de soutien pour guérir », explique la coordonnatrice du projet, Laura Aguiar. « Les attitudes coloniales et patriarcales à l'égard des femmes, des filles et des personnes de diverses identités de genre autochtones privent les femmes autochtones de leur pouvoir et de leur place sacrée dans la société. Ce climat a eu pour effet de normaliser la violence faite aux femmes, aux filles et aux personnes de diverses identités de genre autochtones. »
« Nous sommes constamment émus par le courage des survivantes avec lesquelles nous travaillons. Chaque fois qu'une survivante nous dit ce qu'elle fait pour rester en sécurité, nous avons l'impression que nos efforts comptent. Lorsque les familles nous disent qu'elles se sentent entendues ou qu'elles peuvent enfin tourner la page ou obtenir justice, nous sentons que nos efforts ont porté leurs fruits. Nous ne sommes pas les seuls à faire face à la crise concernant les FFADA2E+ et nous sommes très honorés de faire partie d'un mouvement plus vaste qui s'étend à de nombreuses régions du pays et qui fait bouger les choses. »
Oui, le travail peut être difficile, mais tout n'est pas noir.
« Nous trouvons toujours de petits moments de joie pour alléger un peu la lourdeur ou pour nous donner un bref répit contre la violence », ajoute-t-elle. « Nous rions probablement autant, sinon plus, que nous pleurons et crions. »