Se souvenir du passé : fenêtre sur l'avenir
Le vitrail « Giniigaaniimenaaning » (Regard vers l'avenir) du Parlement commémore les élèves et leurs familles.
Sur cette page:
Au sujet du vitrail
Le 26 novembre 2012, le gouvernement du Canada a commémoré les séquelles laissées par les pensionnats indiens en inaugurant un vitrail au Parlement.
Conçu par l'artiste métisse Christi Belcourt et reproduit sur verre par le Vision Art Stained Glass Studio, le vitrail commémore les séquelles des pensionnats indiens et les excuses historiques du premier ministre du Canada aux anciens élèves et à leurs familles.
Le comité de sélection, composé d'éminents experts en art autochtone et d'anciens élèves des pensionnats indiens, a retenu à l'unanimité la proposition de l'artiste pour le concept du vitrail.
En novembre 2012, l'honorable John Duncan, ministre des Affaires autochtones et du développement du Nord canadien, a présenté le vitrail à l'honorable Andrew Scheer, président de la Chambre des communes.
Bien que le vitrail rappelle l'importance de la vérité et de la guérison, il laisse entrevoir un avenir basé sur la réconciliation et le respect.
Guérison, réconciliation et renouveau
Aujourd'hui, à l'échelle du pays, des membres des Premières Nations, des Inuit et des Métis participent à des activités valorisant la vérité, la guérison et la réconciliation aux côtés d'autres Canadiens.
Il y a une revitalisation des pratiques culturelles et des langues, ainsi qu'un regain d'optimisme et d'espoir en l'avenir.
« Je suis également remplie d'optimisme […]. Un nouveau jour s'est levé pourtant, un jour nouveau marqué d'une volonté de réconciliation et d'édification d'un nouveau rapport avec les Inuit, les Métis et les Premières Nations. »
Tous les Canadiens ont un rôle à jouer dans la réconciliation et le renouveau. La connaissance de notre passé commun, notre respect mutuel et notre désir de travailler en partenariat nous aideront à bâtir un meilleur Canada pour tous.
« Le processus de réconciliation n'est pas un processus autochtone; c'est plutôt le temps pour tous les Canadiens de se réconcilier et d'aller de l'avant pour améliorer leurs relations et accroître les occasions de collaboration entre les Autochtones et les non-Autochtones. »
Giniigaaniimenaaning (Regard vers l'avenir)
Résumé
par Christi Belcourt
« La trame narrative commence au coin inférieur gauche du vitrail, le regard monte ensuite dans le panneau de gauche vers le haut de la fenêtre, pour se diriger par la suite sur le panneau de droite, jusqu'au coin inférieur droit. Le vitrail raconte une histoire. C'est l'histoire des peuples autochtones, de nos cérémonies, de nos langues et des connaissances culturelles toujours intactes. Il raconte la noirceur de l'épisode des pensionnats indiens, du son du tambour qui nous réveille et des excuses qui nous touchent profondément. Il illustre l'espoir de la réconciliation, de la transformation et de la guérison grâce à la danse, aux cérémonies, à la langue. On voit la résilience de nos peuples jusqu'à aujourd'hui.
Le titre de l'oeuvre est « Giniigaaniimenaaning », ce qui, traduit en français, veut dire « regard vers l'avenir ». Le titre est en langue anishinaabemowin (ojibway) et comprend, dans la signification plus profonde du mot, l'idée que tout le monde est inclus et que nous nous tournons tous vers l'avenir pour « ceux qui ne sont pas encore nés ».
Panneau de gauche du vitrail
Haut
En 1990, Phil Fontaine, qui était alors grand chef de l'Assemblée des chefs du Manitoba et qui a été par la suite chef national de l'Assemblée des Premières Nations, est devenu un des premiers leaders autochtones à parler publiquement des sévices dont il avait été victime enfant dans un pensionnat indien. Le verre brisé représente le bris du silence dans les années 1980 alors que les anciens élèves de partout au Canada ont commencé à parler ouvertement de ce qui leur était arrivé dans les pensionnats. Le verre brisé représente aussi les vies, les familles et les collectivités détruites à cause de la politique gouvernementale d'assimilation forcée. Le danseur au tambour annonce le début de la guérison. Les cercles qui s'élèvent et sortent de derrière le tambour représentent la transformation survenue chez les gouvernements et les Églises, de leur position originale de déni, en passant par l'acceptation, pour finalement reconnaître les faits et admettre les torts, ce qui a pavé la voie vers des excuses. La neige tombe et la lune brille dans le ciel du Nord. La colombe à la branche d'olive apporte un don d'espoir pour le début de la réconciliation et le renouvellement de la relation entre les Autochtones et les autres Canadiens.
Milieu
Cette section du vitrail représente « le chapitre triste » de l'époque des pensionnats indiens, lorsque plus de 150 000 enfants ont été retirés de force de leur foyer et ont souvent été victimes de sévices horribles et inimaginables. Comme l'a dit le premier ministre Stephen Harper dans ses excuses présentées le 11 juin 2008, l'objectif des pensionnats indiens était « d'isoler les enfants et les soustraire à l'influence de leurs foyers, de leurs familles, de leurs traditions et de leur culture ». Les enfants représentés ici sont tirés de photos d'époque, et d'autres enfants sont des créations artistiques. Le bâtiment, reproduit d'après une photographie du pensionnat indien de Shubenacadie, est inclus, car souvent le bâtiment même représentait le régime institutionnalisé des sévices et de l'assimilation. Les enfants n'avaient pas le droit de partir, les bâtiments devenaient donc leurs prisons. Les lignes qui marquent les enfants représentent le fait qu'ils étaient réduits au silence et qu'ils étaient incapables de parler des sévices dont ils étaient victimes.
Bas
L'ancêtre fume dans la hutte sacrée. De l'ouest (représenté par un motif de couverture à boutons) à l'est (représenté par le motif de coupole), nos cérémonies, nos langues et connaissances traditionnelles étaient intactes. Cette section représente l'époque avant l'existence des pensionnats indiens. Des cérémonies importantes soulignant le passage de l'enfance à l'âge adulte, comme le jeûne des fraises, étaient enseignées et pratiquées. La récolte des bleuets, l'apprentissage des plantes et des animaux, des propriétés médicinales, étaient transmis d'une génération à une autre. Des travaux de perles et de belles oeuvres d'art, reflétant notre fierté, ornaient nos vêtements et nos objets sacrés. Les racines représentent le lien avec la terre et nos ancêtres. On prévoit que, une fois l'oeuvre réalisée en vitrail, les cercles de couleurs et ceux en blanc ou transparent, ou les cristaux, donneront un aspect éthéré à la section du bas, comme s'ils brillaient dans l'obscurité.
Panneau du haut du vitrail
Cette section commémore les excuses officielles présentées aux anciens élèves des pensionnats indiens par le premier ministre Stephen Harper, le 11 juin 2008.
Cette journée-là, d'un océan à l'autre, les Autochtones réunis dans des centres communautaires et des maisons ont regardé le premier ministre présenter des excuses. Ils ont aussi vu leurs propres dirigeants présenter leur réponse historique à la Chambre des communes.
Les réactions aux excuses ont été diverses, du scepticisme à la gratitude, en passant par les pleurs de soulagement de voir que finalement la douleur que les anciens élèves portaient en eux soit reconnue et que des excuses soient présentées. Peu importe la réaction des gens à la suite des excuses, presque tout le monde a été ému lorsque le premier ministre Harper a dit ceci : « Le gouvernement du Canada présente ses excuses les plus sincères aux peuples autochtones du Canada pour avoir si profondément manqué à son devoir envers eux, et leur demande pardon. »
Dans ce panneau, on trouve aux côtés de l'iconique feuille d'érable des symboles représentant les Inuit, les Premières Nations et la Nation métisse. Le Canada, représenté par la feuille d'érable, est présenté parmi les symboles des Autochtones afin de symboliser l'espoir exprimé ce jour-là par les leaders autochtones lors de leur réponse officielle à la Chambre des communes. Au nom de tous les Autochtones, les leaders ont humblement accepté les excuses du premier ministre.
Panneau de droite du vitrail
Haut
Comme dans le panneau de gauche, des cercles sortent et se transforment en un soleil complètement visible. Le soleil se lève et représente non seulement la transformation, mais aussi le plus important, comme l'a dit Mary Simon, ancienne présidente de l'Inuit Tapiriit Kanatami lors de sa réponse officielle à la Chambre des communes : « Je suis remplie d'optimisme… un nouveau jour s'est levé, un jour nouveau marqué d'une volonté de réconciliation et d'édification d'un nouveau rapport avec les Inuit, les Métis et les Premières Nations. »
Les lignes qui se dégagent du soleil visent à illustrer le concept d'évoluer du présent au futur. Les couleurs sont celles utilisées dans les différentes roues médicinales, dans la danse du soleil, dans les huttes de Midewin et l'écharpe métisse (jaune, noir, rouge, blanc, vert et bleu). Pris en commun avec le panneau de gauche, le soleil et la lune représentent le cycle de la vie et des saisons, et le changement.
La robe à franges est une robe sacrée pour la guérison qui est maintenant commune partout en Amérique du Nord. Dans ce panneau, la danseuse à la robe à franges est une aînée qui a fréquenté un pensionnat indien. Elle danse pour la guérison de tous et pour celle des prochaines générations.
Centre
Dans cette section, les couleurs et les lignes nous transportent doucement vers le présent et nous font réfléchir à l'avenir. La jeune mère presse sur son cœur son poupon protégé dans un porte-bébé traditionnel. L'enfant est de retour avec sa mère, comme il se doit, ce qui représente que les enfants sont élevés par leurs parents et qu'on brise le cycle des mauvais traitements. Son grand-père chante une chanson traditionnelle représentant le retour en force des chansons, des danses, des cérémonies et des langues.
Les mots suivants sont gravés dans le panneau : Kisakihitin (« Je t'aime » en cri), Gizhawenamin Niichaanis (« Je t'aime mon enfant » en anishnaabemowin), Nagligiivagit (« Je t'aime » en inuktitut) et Kesalul (« Je t'aime » en mi'kmaq). De nombreuses victimes des pensionnats indiens étaient incapables de dire à leurs propres enfants qu'ils les aimaient, et de nombreux enfants n'ont jamais entendu ces paroles de la bouche de leurs parents. Graver ces mots dans le verre consolide l'existence et l'utilisation des langues autochtones.
Bas
Le cercle est complet. De nos jours, des cérémonies traditionnelles sont célébrées tout au long de l'année. La grand-mère s'assoit dans la hutte et fume la pipe pour ses petits-enfants. Des cérémonies du potlatch ont lieu, de même que celles du saumon et de l'esturgeon. Les huttes de la danse du soleil sont érigées et les huttes de Midewin ne sont plus l'objet de tabou, elles sont à la vue de tous. On observe les rites de puberté. On transmet les enseignements traditionnels sur la médecine. De l'est à l'ouest, on retrouve les bases de nos cultures et leur redonne leur intégrité. Il y a de l'espoir : il y a un nouveau respect envers les cultures autochtones au sein du reste du Canada alors que nous constatons notre propre force et notre résilience.
Un concept dans le concept
Terre mère
« La terre est essentielle à notre être. Nous considérons que la terre est sacrée. Même si cela n'est pas évident, la Terre mère est à la base même du concept du vitrail représenté par la forme d'une femme. »
« Un très grand nombre de nos traditions, cultures et cérémonies, en fait notre style de vie propre, sont fondées sur notre lien avec la terre et les liens avec les esprits de la Terre, qu'il ne serait pas envisageable de concevoir une œuvre représentant nos peuples sans y inclure d'une certaine manière la terre. »
À propos de l'artiste
Christi Belcourt (née en 1966) est une artiste métisse en arts visuels qui a un profond respect des traditions et des connaissances de son peuple. Comme les générations d'artistes autochtones qui l'ont précédée, elle célèbre la beauté de la nature tout en explorant ses propriétés symboliques. S'inspirant de la tradition de perlage en motifs floraux des Métis, Mme Belcourt peint en forme de points. Elle fait ressortir de ses sujets des métaphores de l'existence humaine pour transmettre différents messages, notamment les préoccupations environnementales, la biodiversité, la spiritualité et la sensibilisation aux cultures indigènes. Pour en connaître davantage au sujet de cette artiste, visitez le site Web de Christi Belcourt (non disponible en français).
Vidéo
Transcription : Se souvenir du passé : fenêtre sur l'avenir
Stephen Harper : Le traitement des enfants dans les pensionnats indiens est un triste chapitre de notre histoire. Le régime des pensionnats indiens avait deux principaux objectifs : isoler les enfants et les soustraire à l'influence de leurs foyers, de leurs familles, de leurs traditions et de leur culture, et les intégrer par l'assimilation dans la culture dominante. D'ailleurs, certains cherchaient, selon une expression devenue tristement célèbre, « à tuer l'Indien au sein de l'enfant ». Aujourd'hui, nous reconnaissons que cette politique d'assimilation était erronée, qu'elle a fait beaucoup de mal et qu'elle n'a aucune place dans notre pays. Le gouvernement du Canada présente ses excuses les plus sincères aux peuples autochtones du Canada pour avoir si profondément manqué à son devoir envers eux, et leur demande pardon. Nous le regrettons. We are sorry. Nimitataynan. Niminchinowesamin. Mamiattugut.
Narrateur : Octobre 2011. L'honorable John Duncan, ministre des Affaires autochtones et du développement du Nord canadien, annonce que dans l'optique de la réconciliation, le gouvernement du Canada commémorera les séquelles des pensionnats indiens en aménageant de façon permanente un vitrail. Il sera installé en plein cœur du Parlement, dans l'édifice du Centre, au-dessus de l'entrée des députés.
John Duncan : La commémoration permanente incitera les membres du Parlement ainsi que les futurs visiteurs à en apprendre davantage sur l'histoire des pensionnats indiens et sur les gestes de réconciliation posés par le gouvernement du Canada.
Narrateur : Des artistes autochtones de partout au Canada ont présenté une soumission pour le concept du vitrail. On a retenu l'œuvre de Christi Belcourt, artiste métisse renommée.
Christi Belcourt : Ma principale préoccupation pendant le processus de création était d'honorer les anciens élèves au meilleur de mes capacités.
Narrateur : Andrew Florczak, du Vision Art Studio à Toronto, s'est vu confier la tâche de transformer le concept de Christi en vitrail.
Andrew Florczak : Toutes les pièces de verre ont été coupées individuellement. Nous avons probablement coupé mille pièces.
Christi Belcourt : L'histoire commence dans le bas du panneau, dans une hutte où un grand-père fume sa pipe. Cela représente l'époque avant les pensionnats indiens, lorsque tout était entier, intact.
Dans le panneau du centre, à gauche, on représente l'épisode des pensionnats indiens lorsque 150 000 enfants ont été retirés de force de leurs familles. Ces enfants ont été victimes de sévices sexuels, physiques et psychologiques.
En 1990, Phil Fontaine a été le premier dirigeant national à admettre publiquement avoir été victime de violence dans les pensionnats indiens. Cette confession a déclenché quelque chose, le reste du Canada est sorti de sa torpeur et a pris conscience de ce qui s'était passé. Dans l'œuvre on retrouve donc du verre brisé qui représente la fin du silence et les vies brisées. On observe aussi un danseur au tambour, le danseur Inuk. Le tambour représente le battement de notre cœur, il permet donc de réveiller les gens. La colombe signifie l'espoir de la réconciliation.
En 2008, illustré par le panneau du milieu, le premier ministre Stephen Harper, au nom du gouvernement du Canada, a présenté publiquement des excuses. Les leaders autochtones étaient pour la première fois présents à la Chambre des communes où ils ont répondu à ces excuses.
Si on déplace le regard vers le bas, dans le panneau de droite, les lignes et couleurs qu'on y trouve évoquent un sentiment de renouveau, un regard vers l'avenir.
La robe à franges est une robe sacrée. C'est une robe de guérison, c'est pourquoi la danseuse est représentée ici. Elle danse pour l'avenir de ses petits-enfants. L'enfant est maintenant aux côtés de sa mère, ils ne sont plus séparés. L'enfant n'est plus arraché des bras de sa mère. La mère est capable de dire à son enfant « Je t'aime ». Le grand-père à l'arrière pratique de nouveau les cérémonies et il peut transmettre les connaissances traditionnelles.
Dans le bas du panneau, on retrouve la deuxième moitié du cercle, où une grand-mère est assise dans la hutte et fume la pipe pour ses petits-enfants. Les cultures renaissent, les pratiques traditionnelles sont retrouvées.
En se souvenant de l'histoire, on veille à ne pas la reproduire. En nous souvenant de l'histoire, nous serons capables de progresser.
John Duncan : C'est un grand honneur et un privilège d'être ici avec vous aujourd'hui à l'occasion de cette cérémonie d'inauguration en territoire traditionnel algonquin. J'aimerais souligner la présence d'anciens élèves des pensionnats indiens parmi nous aujourd'hui, dont certains sont venus de loin pour assister à la cérémonie. En inaugurant officiellement le vitrail, nous commémorons vos expériences et veillons à ce qu'elles ne sombrent jamais dans l'oubli.
Angie Hazel Crerar (ancienne élève) : J'ai été très émue. Le vitrail me rappelle tant de souvenirs. Je m'imaginais tous ces enfants avec qui je suis allée à l'école pendant 10 ans. Pour moi, le vitrail a plus de signification que les excuses. Les excuses étaient des mots, ce vitrail est un témoignage visuel.
Noel Starblanket (ancien élève) : Je suis reconnaissant du gouvernement pour ce geste. Maintenant, lorsque les députés, le premier ministre et les membres du Cabinet sortiront de la Chambre des communes, ils verront toujours ce vitrail.
Martha Greig (ancienne élève) : À mes yeux, ce vitrail représente l'espoir.
François Paulette : Et cet espoir perdurera chez nos enfants et encore plus chez nos petits-enfants.
Chanteurs : (Même si ce fut difficile, voilà maintenant un jour nouveau).