Traités de paix et de neutralité (1701-1760)
À mesure que les colonies européennes gagnaient l'intérieur des terres, la concurrence pour le contrôle des régions intérieures de l'Amérique du Nord a provoqué de nouvelles guerres et de nombreuses luttes de pouvoir entre les nations européennes. Par ces luttes, particulièrement chez les Britanniques et les Français, les alliances commerciales sont devenues des alliances militaires cruciales qui ont fourni aux deux camps un soutien vital. En certains cas tel que l'accord d'Albany de 1701, des Premières Nations acceptaient de vendre aux Britanniques des terres des Grands Lacs en échange de leur protection et du maintien de leurs droits de chasse et de pêche.
À l'automne 1760, au moment où les forces britanniques se rendaient à Montréal, le dernier bastion de la France en Amérique du Nord, deux traités ont été conclus par des représentants britanniques avec les alliés autochtones des Français. Sir William Johnson, surintendant du Département des Indiens, a négocié un traité avec les alliés autochtones de la France à Swegatchy, alors que le général James Murray, commandant des forces britanniques, a conclu un autre traité avec les Hurons-Wendat. Ces traités ont mis fin à plus de 150 ans de relations et d'alliances entre la France et les Autochtones de la vallée du Saint-Laurent.
Vers le milieu du XVIIIe siècle, la France et la Grande-Bretagne avaient établi des systèmes d'alliances complexes avec différents groupes autochtones conflictuels. Partout en Nouvelle-France, en Acadie et dans la vallée du Mississippi, les autorités françaises avaient développé une relation de dépendance mutuelle principalement telle qu'avec la Confédération des Sept Nations composé de différentes communautés d'Hurons, Algonquins, Mi'kmaq, Innu et Iroquois convertis. Dans le cadre du conflit presque continuel entre la France et la Grande-Bretagne, les alliés autochtones des Français se sont avérés indispensables puisque leurs tactiques de guérilla compensaient pour le petit nombre de soldats français en Nouvelle-France. La Grande-Bretagne a axé ses alliances avec les Autochtones sur sa relation diplomatique avec la Confédération iroquoise. Lors du déclenchement de la guerre de Sept Ans contre la France, de nombreux alliés autochtones sont demeurés neutres. Craignant que leur présence en Amérique du Nord soit menacée, les représentants de la Couronne britannique ont créé le Département des Indiens en 1755 et ont nommé Sir William Johnson au poste de surintendant du district du Nord.
Pendant les premières années de la guerre de Sept Ans (1755 à 1758), la France a dominé les conflits principalement en raison des aptitudes au combat supérieures des alliés des Français et des défenses mal organisées des Britanniques. En 1758, alors que la Grande-Bretagne mettait l'accent sur son front en Amérique du Nord, la France a commencé à se replier puisqu'elle faisait face à une attaque britannique bien coordonnée. L'une après l'autre, les positions françaises importantes, comme Louisbourg, Fort Frontenac, Fort Niagara et Québec, sont tombées aux mains des forces britanniques en progression. À l'été 1760, la ville de Montréal était l'unique position française restante d'importance qui restait aux mains des Français.
Cet été là, une force militaire importante a été rassemblée pour l'assaut final contre Montréal. Plus de 18 000 soldats, divisés en trois armées, convergeaient sur l'île de Montréal – l'une provenant de Québec, descendant la rivière Richelieu, et l'autre, provenant du lac Ontario et remontant le fleuve Saint-Laurent. Bien que les forces françaises à Montréal étaient isolées du reste des troupes en Nouvelle-France, la force militaire britannique était inquiète en raison de la présence de près de 800 guerriers alliés dans la ville et autour de celle-ci. Au mois d'août 1760, Sir William Johnson a envoyé un message aux chefs des alliés autochtones des Français pour leur demander leur neutralité dans cette dernière étape du conflit.
Les efforts de Sir William Johnson ont été récompensées par l'arrivé, le 28 août, d'une délégation de représentants à Swegatchy, sur le lac Ontario, près de l'embouchure du fleuve Saint-Laurent. Le 30 août, après plusieurs heures de délibération avec les 30 représentants, Johnson a réussi à négocier la neutralité des Sept Nations. Dans le cadre de l'entente, la Confédération des Sept Nations acceptait d'abandonner les Français et d'adopter une position de neutralité pour le reste du conflit. En vertu de cette entente, les Britanniques ont amputé les forces françaises de plus de 800 guerriers autochtones et ont permis aux forces britanniques de descendre le fleuve Saint-Laurent à travers ses dangereux rapides sans craindre une attaque.
Les premiers jours de septembre, les trois armées britanniques étaient postées autour de Montréal. Le soir du 4 septembre, des représentants des Hurons-Wendat sont allés voir le général James Murray, le commandant des forces britanniques à Longueuil, et ont déclaré leur neutralité dans le cadre du conflit. Pendant ces discussions, le commandant britannique les a assurés qu'ils pouvaient retourner dans leur village près de la ville de Québec sans être molestés. Le lendemain matin, le général Murray a présenté un document soumis aux représentants des Hurons-Wendat. Dans ce document, on déclarait que les Hurons-Wendat étaient sous la protection du général Murray et qu'ils ne devaient pas être molestés durant leur voyage de retour vers leur village, qu'ils avaient le droit de pratiquer leur religion et leurs coutumes et qu'ils avaient la possibilité de faire des échanges avec les Britannique. Armés de cette nouvelle entente, les Hurons-Wendat guerriers, les derniers Autochtones se battant aux côtés des Français, ont laissé tomber le conflit. Trois jours plus tard, le 8 septembre, le gouverneur français Vaudreuil s'est rendu.
Les 14 et 15 septembre, une semaine après le début du siège, Sir William Johnson a organisé une autre rencontre avec les représentants du Groupe des Sept, à Kahnawake. La rencontre à Swegatchy avait permis d'établir les principales promesses des deux parties, et dans le cadre de la conférence de Kahnawake, des rencontres officielles ont eu lieu avec les représentants de la Couronne britannique. Bien que le procès-verbal des rencontres n'existe plus, les registres coloniaux et la tradition orale indiquent que les termes du traités comprenaient des clauses telle que la paix et l'amitié avec les Britanniques, un traitement égale à celui lors du régime français et le contrôle « des terres dont ils habitent ».