Les excuses aux anciens élèves des pensionnats Indiens - Le Premier ministre Stephen Harper

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Transcription

La séance est ouverte à 15 heures.

Prières

●(1455)

[Français]

Le Président : J'invite les honorables députés à se lever pendant que nos distingués invités font leur entrée à la Chambre et prennent place.

Applaudissements

●(1510)

[Traduction]

L’honorable Peter Van Loan (leader du gouvernement à la Chambre des communes et ministre de la réforme démocratique, PCC) : Monsieur le Président, les leaders concernés peuvent répondre aux déclarations des ministres. Conformément aux règles, aux pratiques et aux traditions de la Chambre, je demande un consentement unanime pour la résolution suivante :

Que, nonobstant tout article du Règlement, ordre spécial ou usage habituel de la Chambre, la Chambre se forme en comité plénier dès la fin des Déclarations des ministres aujourd'hui afin de permettre à Phil Fontaine, chef national de l'Assemblée des Premières Nations, Patrick Brazeau, chef national du Congrès des peuples autochtones, Mary Simon, présidente d’Inuit Tapiriit Kanatami, Clem Chartier, président du Ralliement national des Métis, et Beverly Jacobs, présidente de l’Association des femmes autochtones du Canada, de faire des déclarations en réponse à la déclaration ministérielle d’excuses aux anciens élèves des pensionnats indiens; que le Président soit autorisé à présider le comité plénier; qu’après ces déclarations, la séance du comité soit levée et que la Chambre ajourne ses travaux jusqu’au prochain jour de séance.

L'hon. Ralph Goodale : Monsieur le Président, au nom de l'opposition l'officielle, je déclare que nous sommes honorés de donner notre consentement.

[Français]

M. Pierre Paquette : Monsieur le Président, évidemment, le Bloc québécois donne son consentement à cette motion.

[Traduction]

Mme Libby Davies : Monsieur le Président, au nom du NPD, je déclare que nous donnons bien entendu notre consentement.

Le Président : Y a-t-il consentement unanime pour que nous procédions de cette façon?

Des voix : D’accord.

(La motion est adoptée)

Le Président : Conformément à l'ordre adopté le mardi 10 juin 2008, la Chambre passe maintenant aux déclarations de ministres.

Le très honorable premier ministre a la parole.

* * *

DÉCLARATIONS PAR LES MINISTRES

Les excuses aux anciens élèves des pensionnats Indiens

Le très hon. Stephen Harper (premier ministre, PCC) : Monsieur le Président, avant de commencer mon discours officiel, je tiens à prendre un moment pour souligner le rôle joué par certains de nos collègues qui sont ici, à la Chambre des communes, dans les événements d'aujourd'hui. Quoique en dernier ressort, le responsable des excuses ce soit moi, plusieurs de mes collègues méritent un certain crédit.

Tout d'abord, je tiens à remercier de leur dur labeur et de leur professionnalisme le ministre des Affaires indiennes et du Nord canadien et son prédécesseur, maintenant ministre de l'Industrie. Ces deux hommes ont été des partisans convaincus et passionnés, pas uniquement des excuses qui seront présentées aujourd'hui, mais également du règlement du dossier historique des pensionnats indiens que notre gouvernement a signé.

En deuxième lieu, je m'en voudrais de ne pas féliciter mon ancien collègue de Cariboo—Chilcotin, Philip Mayfield, qui a été pendant très longtemps une voix forte au sein de notre caucus en faveur d'une action de grande portée au sujet de ce triste épisode de notre histoire.

Enfin, le dernier, mais certainement pas le moindre, je tiens à remercier mon collègue, le chef du Nouveau Parti démocratique. Depuis un an et demi, il me parle régulièrement et avec beaucoup de conviction de la nécessité de présenter des excuses. Ses conseils, qui transcendent les partis politiques et qui sont dispensés avec confiance, ont été persuasifs et très appréciés.

●(1515)

[Français]

Je me lève aujourd'hui pour présenter nos excuses aux anciens élèves des pensionnats indiens. Le traitement des enfants dans ces pensionnats est un triste chapitre de notre histoire.

Pendant plus d'un siècle, les pensionnats indiens ont séparé plus de 150 000 enfants autochtones de leurs familles et de leurs communautés.

[Traduction]

Dans les années 1870, en partie afin de remplir son obligation d'instruire les enfants autochtones, le gouvernement fédéral a commencé à jouer un rôle dans l'établissement et l'administration de ces écoles.

Le système des pensionnats indiens visait deux objectifs principaux : isoler les enfants et les soustraire à l'influence de leurs foyers, de leurs familles, de leurs traditions et de leur culture, et les intégrer par l'assimilation dans la culture dominante.

Ces objectifs reposaient sur l'hypothèse que les cultures et les croyances spirituelles des Autochtones étaient inférieures.

D'ailleurs, certains cherchaient, selon une expression devenue tristement célèbre, « à tuer l'Indien au sein de l'enfant ».

[Français]

Aujourd'hui, nous reconnaissons que cette politique d'assimilation était erronée, qu'elle a fait beaucoup de mal et qu'elle n'a aucune place dans notre pays. Cent trente-deux écoles financées par le fédéral se trouvaient dans chaque province et territoire, à l'exception de Terre-Neuve, du Nouveau-Brunswick et de l'Île-du-PrinceÉdouard.

[Traduction]

La plupart des pensionnats étaient dirigés conjointement avec les Églises anglicane, catholique, presbytérienne ou unie.

Le gouvernement du Canada a érigé un système d'éducation dans le cadre duquel de très jeunes enfants ont souvent été arrachés à leur foyer et, dans bien des cas, emmenés loin de leur communauté.

Bon nombre d'entre eux étaient mal nourris, mal vêtus et mal logés. Tous étaient privés des soins et du soutien de leurs parents, de leurs grands-parents et de leur communauté.

Les langues et les pratiques culturelles des Premières nations, des Inuits et des Métis étaient interdites dans ces écoles.

Malheureusement, certains de ces enfants sont morts en pension et d'autres ne sont jamais retournés chez eux.

[Français]

Le gouvernement reconnaît aujourd'hui que les conséquences de la politique sur les pensionnats indiens ont été très néfastes et que cette politique a causé des dommages durables à la culture, au patrimoine et à la langue autochtones.

Bien que certains anciens élèves aient dit avoir vécu une expérience positive dans ces pensionnats, leur histoire est de loin assombrie par les témoignages tragiques sur la négligence et l'abus émotifs, physiques et sexuels d'enfants sans défense, et par leur séparation de familles et de communautés impuissantes à les aider.

L'héritage laissé par les pensionnats indiens a contribué à des problèmes sociaux qui persistent dans de nombreuses communautés aujourd'hui.

[Traduction]

Il a fallu un courage extraordinaire aux milliers de survivants qui ont parlé publiquement des mauvais traitements qu'ils ont subis. Ce courage témoigne de leur résilience personnelle et de la force de leur culture.

Malheureusement, beaucoup des anciens élèves sont décédés avant d'avoir reçu les excuses du gouvernement du Canada.

●(1520)

[Français]

Le gouvernement reconnaît que l'absence d'excuses a nui à la guérison et à la réconciliation. Alors, au nom du gouvernement du Canada et de tous les Canadiens et Canadiennes, je me lève devant vous, dans cette Chambre si vitale à notre existence en tant que pays, pour présenter nos excuses aux peuples autochtones pour le rôle joué par le Canada dans les pensionnats pour Indiens.

[Traduction]

Devant les quelque 80 000 anciens élèves toujours en vie, devant les membres de leurs familles et de leurs communautés, le gouvernement du Canada admet aujourd'hui qu'il a eu tort d'arracher les enfants à leur foyer et s'excuse d'avoir agi ainsi.

Nous reconnaissons maintenant que nous avons eu tort de couper les enfants de leur culture et de leurs traditions riches et vivantes, créant ainsi un vide dans tant de vies et de communautés, et nous nous excusons d'avoir agi ainsi.

Nous reconnaissons maintenant qu'en séparant les enfants de leurs familles, nous avons réduit la capacité de nombreux anciens élèves à élever adéquatement leurs propres enfants et avons scellé le sort des générations qui ont suivi, et nous nous excusons d'avoir agi ainsi.

Nous reconnaissons maintenant que, beaucoup trop souvent, ces institutions donnaient lieu à des cas de sévices ou de négligence et n'étaient pas contrôlées de manière adéquate, et nous nous excusons de ne pas avoir su vous protéger.

En plus d'avoir vous-mêmes subi ces mauvais traitements pendant votre enfance, une fois devenus parents à votre tour, vous avez été impuissants à éviter le même sort à vos enfants, et nous le regrettons.

[Français]

Le fardeau de cette expérience pèse sur vos épaules depuis beaucoup trop longtemps. Ce fardeau nous revient directement, en tant que gouvernement et en tant que pays. Il n'y a pas de place au Canada pour que les attitudes qui ont inspiré le système de pensionnats indiens puissent prévaloir à nouveau.

[Traduction]

Vous tentez de vous remettre de cette épreuve depuis longtemps, et d'une façon très concrète, nous vous rejoignons maintenant dans ce cheminement. Le gouvernement du Canada présente ses excuses les plus sincères aux peuples autochtones du Canada pour avoir si profondément manqué à son devoir envers eux, et leur demande pardon.

[Français]

Nous le regrettons.

[Traduction]

 [Nimitataynan. Niminchinowesamin. Mamiattugut.]

Entrée en vigueur le 19 septembre 2007, la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens s'inscrit dans une démarche de guérison, de réconciliation et de règlement des tristes séquelles laissées par les pensionnats indiens. Des années d'efforts de la part des survivants, des communautés et des organisations autochtones ont abouti à une entente qui nous permet de prendre un nouveau départ et d'aller de l'avant en partenariat.

●(1525)

La Commission de divulgation des faits et de réconciliation est au coeur de la Convention de règlement. Cette commission constitue une occasion unique de sensibiliser tous les Canadiens à la question des pensionnats indiens. Il s'agira d'une étape positive dans l'établissement d'une nouvelle relation entre les peuples autochtones et les autres Canadiens, une relation basée sur la connaissance de notre histoire commune, sur un respect mutuel et sur le désir de progresser ensemble, avec la conviction renouvelée que des familles fortes, des communautés solides et des cultures et des traditions bien vivantes contribueront à bâtir un Canada fort pour chacun de nous.

Que Dieu vous bénisse et bénisse notre pays.

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